samedi 28 janvier 2012

Moissons, ou le bonheur est dans les blés

Jeudi 19 janvier à Latitude 21 était projeté « Moissons », d’Honorine Perinot. Ce documentaire présente Bernard Ronot, ancien agriculteur céréalier qui s’est converti à la biodnyamie dans sa ferme à Chazeuil , à une quarantaine de kilomètres de Dijon. En compagnie de l’association Graines de Noé dont il est vice-président, Bernard était présent lors de la soirée pour raconter son amour des blés et de la terre.



Aujourd’hui, le monde agricole ne connaît plus les ressources dont regorge la terre, utilisant pour beaucoup des semences industrielles. Les boulangers ne savent plus d’où viennent les blés ni les conditions de leur culture. Enfin, les consommateurs ne savent plus ce qu’ils mangent. Seulement, certaines personnes vont à l’encontre de ce phénomène par tous les moyens. « On ne peut pas nourrir le monde en faisant mourir la terre », selon Bernard Ronot.










Du conventionnel au bio
Bernard ne regrette rien de son parcours, qui lui a beaucoup appris. Avec Renée son épouse, ils sont des agriculteurs d’après-guerre, qui ont connu l’explosion des engrais chimiques et des pesticides. A l’époque, cela semblait être l’avenir. C’est à 55 ans et après des années d’agriculture conventionnelle que Bernard commence à voir les limites d’une telle dépendance. « Les désherbants, ça a de très belles couleurs : du vert, du rose… », ironise-t-il. « Un jour ma femme me dit : avec ton équipe, ce n’est pas que je veux vous empêcher de faire votre travail…mais je te préviens, je ne veux plus voir de couleurs au pied de mon jardin. ». C’est à partir de là que Bernard se remet en question, ressentant un malaise : celui de nourrir les gens avec de tels composants. Il se reconvertit alors à la biodynamie, qu’il qualifie d’« homéopathie agricole ». « Quand vous désherbez tout le temps, la terre ne peut plus se soigner par les plantes. Les plantes ne sont pas des mauvaises herbes, elles sont des correcteurs de carence », explique Bernard. Et oui, car on a tellement épuisé la terre qu’on en a oublié ses ressources. Depuis sa conversion, son exploitation a grandi et s’est développée. Alain, son fils, a repris le flambeau en faisant de la farine qu’il vend à des boulangers faisant du pain biologique.



Graines de Noé
Aujourd’hui âgé de 80 ans et retraité, Bernard s’accroche toujours autant à ses valeurs. Avec son épouse, il sélectionne minutieusement les semences anciennes sur ses terres en faisant des essais sur des petites surfaces, afin de les multiplier. En une dizaine d’années, il a collecté près de 200 variétés de blés anciens, notamment locales, dans une visée expérimentale et scientifique.
Les blés qui sont seulement récoltés et ressemés comme à la ferme Ronot sont en voie de disparition. En principe, la loi interdit l’échange des semences non inscrites dans le catalogue officiel des espèces et variétés. Cette loi favorise une uniformisation des semences ainsi qu’une agriculture productiviste, allant à l’encontre de la biodiversité. Mais des acteurs comme le réseau Semences Paysannes ou Graines de Noé viennent lutter contre ce principe. Réunissant des paysans mais aussi des meuniers, des distributeurs de produits bio ou des associations de consommateurs, Graine de Noé favorise la sélection, la recherche et la conservation des variétés anciennes , mais aussi leur échange. La sensibilisation du grand public est également un point central, car nous sommes tous consommateurs de ce blé, qui est la base de notre alimentation.

texte: Claire Bourdon, étudiante en Master Euromédias

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