dimanche 14 octobre 2012

Fête de la science ou soirée pro-nucléaire?

"Jean-Marc JANCOVICI est un expert du changement climatique et de la crise énergétique. Dans cette conférence sur la nécessaire transition énergétique, Jean-Marc JANCOVICI explique, avec audace et sans langue de bois, les composantes d’une double problématique : l’énergie et le climat à l'échelle mondiale et, au niveau local, l’évolution sociétale et les choix énergétiques." Telle était la présentation de la soirée qui a eu lieu jeudi soir.

Suite à cette soirée, le Collectif Sortir du Nucléaire de Côte d'Or a souhaité réagir:
"Cette édition 2012 de la Fête de la science a notamment commencée le 11 octobre au palais des congrès par un exposé suivi de questions réponses sans débat, qui nous paraît réclamer une communication dans les médias : l'exposé de Monsieur Jean-Marc Jancovici, expert en énergie et climat est remarquable pour cerner la crise énergétique mais très contestable lorsqu'il en fait un support de promotion de l'énergie nucléaire, en masquant les incertitudes majeures sur les coûts financiers et carbonés de la filière nucléaire, et en minimisant les risques environnementaux et sociétaux qu'elle génère.
Certes l'évènement était initié par EDF et la société française d'énergie nucléaire, mais avec l'expérience acquise par le monde scientifique, un exposé plus neutre et équilibré aurait été digne de l'approche scientifique promue par la fête de la science. Les critiques à l'égard des médias étaient récurrentes durant l'exposé et le question-réponse, de même envers les associations dites écologistes, jugées très présentes dans les médias, voire sur-médiatisées. Personne n'aura relevé qu'EDF et AREVA ont un budget annuel publicitaire au montant incomparablement plus élevé que celui des quelques structures citoyennes ! associations qui essayent de s'investir dans un domaine ou le secret industriel et défense est de rigueur, générant nombres d'inconnues, tant sur le vrai coût de l'électricité et que sur les risques environnementaux.
Enfin, point particulièrement regrettable à une époque où le développement durable est de plus en plus évoqué, les énergies renouvelables ont été presque disqualifiées dans le discours économique de l'intervenant. Le surcroît d'emplois de ces énergies dont les production peuvent mailler le territoire, en regard des emplois liées aux production centralisées du nucléaire, n'a pas été évoqué ; les bénéfices pour l'industrie et l'artisanat bourguignons de ces énergies renouvelables n'ont pas été abordés, hors nombre d'entrepreneurs du MEDEF présents auraient pu être sensibilités ou confortés pour développer des énergies renouvelables régionales."


Et quelles "perles" relevées par un militant anti-nucléaire à propos d'un article du site internet de monsieur Jancovici, avec un petit commentaire:
- « rappelons que le pétrole est tout aussi gratuit que le vent »

Affirmer cela c’est ignorer les générations futures, c’est ignorer le caractère non-renouvelable du pétrole.

- « le nucléaire produit des accidents, rares et de moins d'effet sur les hommes qu'on le pense, mais néanmoins spectaculaires et pouvant être très coûteux, des déchets, un poil de réchauffement de rivière le cas échéant, éventuellement des accidents de mine et de la pollution locale au lieu d'extraction du minerai, mais évidemment en quantité bien moindre que pour le charbon, »

Résumer ainsi la dangerosité du nucléaire est indécent.

- « En effet, quand on passe d'un dispositif qui produit 100 toute l'année (le nucléaire) à un dispositif qui produit 500 pendant 20% du temps - pour avoir la même quantité d'électricité à l'arrivée - il faut alors disposer d'un "tuyau" - le réseau électrique - qui soit capable, en première approximation, de transporter 5 fois plus d'électricité quand le dispositif intermittent fonctionne à pleine puissance. Toutes choses égales par ailleurs il couterait donc 5 fois plus cher (en fait c'est un peu plus compliqué que cela mais on comprend l'esprit). »

Simplifier de cette façon là est honteux, c’est ignorer les foisonnements, c’est ignorer les complémentarités entre EnR ; c’est ignorer la nécessité du transport sur de très longues distances pour le nucléaire, c’est ignorer l’intérêt de produire localement.

- « il faut "faire quelque chose" pour pallier l'intermittence induite. A 15% d'éolien dans la production totale, l'Espagne a eu besoin de mettre en face des centrales à gaz pour une production totale double de celle venant des éoliennes, ce qui demande d'importer du gaz et oblige à émettre du CO2. »

Lier installations de centrales à gaz au développement de l’éolien est malhonnête (même s’il y avait un début de vérité, on n’installerait pas deux fois plus de centrales à gaz).

Parler d’intermittence c’est ignorer le caractère prévisible des productions électriques éoliennes et photovoltaïques. Et ignorer que ces variations sont lentes.

On aimerait des arguments similaires contre le nucléaire et le chauffage électrique (intimement liés).

- « développement de l'éolien et du photovoltaïque dans l'Hexagone, qui ne concernerait "que" 12% de l'électricité dans le cas ci-dessus, coûte au moins 95 milliards d'euros pour ne rien faire gagner sur le CO2, ni sur les importations d'énergie »

Avec 95 milliards € on produit bien plus que 12% de notre électricité (au moins le double), et on gagne en CO2 et en importations d’énergie !

- « les importations d'uranium coutent environ 1 milliard d'euros par an, mais les exportations d'électricité nucléaire rapportent plusieurs milliards, donc globalement le nucléaire remplit nos caisses et non les vide »

On exporte notre électricité nucléaire à bas prix et on doit importer (chauffage électrique oblige) à des prix extrêmement élevés !

- « les éoliennes et les panneaux solaires sont importés pour une très large part, et enfin qu'il ne fait probablement rien gagner sur les emplois globaux du pays (car quand on augmente les emplois dans la filière énergétique, on augmente le prix de l'énergie - la machine économique ne paye que des hommes - et donc on supprime d'autres emplois "ailleurs", le solde étant probablement à peu près nul »

Non les éoliennes ne sont pas importées (elles sont assemblées par des ensembliers qui se fournissent entre autres auprès de PME françaises).

Les EnR rétribuent des emplois locaux (et créent des richesses locales) au contraire des énergies fossiles qui financent des importations couteuses (60 milliards d’euros l’an dernier).

Le CIRED a montré que l’application du scénario négaWatt 2006 créerait 600 000 emplois NETS.

De même JMJ n’a pas d’analyse critique sur le coût du loyer de l’argent qui favorise le nucléaire, car bénéficiant d’une garantie de l’Etat, au détriment des EnR."

7 commentaires:

Anonyme a dit…

En bref vous n'aimez pas le nucléaire sans raison valable autre que vous ne l'aimez pas... Vous avez peut-être raison d'afficher votre désaffection (moi aussi je n'aime pas les épinards et les loups garous) mais cela reste de l'ordre de l'affectif, la crise climatique et énergétique à venir mérite tout de même plus que cela, n'est-ce pas?

dijon-ecolo a dit…

Pas de raisons valables? Fukushima, ce n'est rien?L'absence de solutions pour les déchets radiocatifs, ce n'est rien? etc...
La fuite en avant du "toujours plus d'énergie" ne nous mène nulle part. Et le nucléaire n'est pas une solution mais un problème de plus.

Anonyme a dit…

Fukushima :
Un tremblement de terre et un tsunami sur la plus ancienne et la plus vétuste des centrales nucléaires du Japon, qui d'ailleurs n'a pas d'autorité du sûreté indépendante, n'a fait aucun mort par irradiation, ni de cratère de 20km de profondeur ni d'éradication d'espèce à 200km à la ronde malgré la promesse de certains antinucléaires notoires. Toute instrumentalisation des peurs du monde ne pourront rien à cet état de fait.
Déchets :
Vous faites quoi des déchets des fossiles, qui sont utilisées de façon majoritaire dans le monde(80% dans l'électricite, 2/3 pour le "reste", en bref, principal constructeur des principaux renouvelables de publicité comme le pv ou l'éolien), qui sont 1) stockés dans l'atmosphère avec l'aimable collaboration des antinucléaires 2) produits en quantités des millions de fois plus conséquentes que ceux du nucléaires (tous récupérés, eux, et réutilisables à 95%)
Cela change en effet de ce qu'on lit dans le journal mais bon toutes les affirmations sont vérifiables et pas que sur des sites qui ont un journal à vendre ou de la pub à placer.
Enfin en ce qui concerne l'énergie "à tout prix" vous rejoignez un peu la pensée de Jancovici... les fossiles disparaissent bientôt et ni les renouvelables ni le nucléaire suffiront à croissance maximale sans perte de la plupart des aspects qui caractérisent nos modes de vies comme l'éducation, l'abondance alimentaire, les augmentations annuelles, les 35h, le divorce, les vacances et les congés et les week-ends ... entre autres...

dijon-ecolo a dit…

Aucun mort par irradiation? Dans ce cas attendez un peu, patience... (voir article rue89.com )
Le photovoltaïque et l'éolien posent aussi de gros problèmes: celui d'ouvrir des carrières pour en retirer des terres rares et certains métaux aussi rares, et nécessaires à la construction de ces énergies renouvelables. D'où la nécessité de commencer par la sobriété et de ne pas tomber dans la création de problèmes insolubles et d'une grandeur nettement plus importante avec le nucléaire.
Nos modes de vie (Europe et Amérique du Nord) sont avant tout basés sur le gaspillage !

soleil vert a dit…

Décidement, la propagande a la vie dure ! La centrale de Fukushima a été contrôlée par les instances internationales, et a reçu son quitus (il est vrai que depuis, les centrales françaises ont, elles, quelques soucis). On se demande à quoi ont servi ces contrôles.

De plus, l'arrogance de la tribu nucléaire s'est merveilleusement étalée en construisant des centrales au bord de la mer en zones ultrasismiques. Quelle vanité !!

La crise climatique et énergétique à venir est inéluctable, ne nous faites pas du Hollande, cher Anonyme. Et le nucléaire n'est qu'une énergie marginale et du passé, qui cumule échecs sur échecs, ou plutôt désistements suite à promesses coûteusement acquises (l'affaire Uramin ou Kadhafi sont des cas d'école à ce sujet). Je vous conseille de lire le site "l'observatoire du nucléaire", je sais vous n'allez pas aimer, mais la vérité peut être dure à avaler pour des esprits non préparés et sclérifiés comme le vôtre.

soleil vert a dit…

Une chose que beaucoup de personnes n'osent entrevoir : oui l'ère de l'énergie peu chère est révolue, et la meilleure énergie est celle que l'on ne dépense pas. A l'heure où le gaspillage lumineux atteint des sommets, à l'heure où tous les politiques continuent à s'illusionner dans la course à la croissance, nous allons évidemment subir une décroissance salutaire (ou plutôt une récession subie, suite à l'incompétence de nos politiques). C'est inéluctable, on consommera moins, on se déplacera moins, on fera durer plutôt que jeter et l'entraide sera obligatoire ; à moins que des forces obscures interviennent, mais là c'est une autre histoire (n'oublions jaais que les peuples ont les gouvernants qu'ils méritent) !

soleil vert a dit…

Il serait temps que les snipers du nucléaire qui surgissent sur les forums et blogs retiennenet que le trio carboné (pétrole-gaz-charbon) couvre 85% de la consommation mondiale d'énergie, les renouvelables 13,5% et le nucléaire à peine 1,5%

Il est donc totalement ABSURDE de dire ou, pire de laisser habilement croire, que l'arrêt du nucléaire va conduire à utiliser des énergies carbonées. La vérité est que le nucléaire est une énergie de niche,marginale, à la part infime au niveau mondial (alors que son danger est au contraire maximal !). De fait, l'arrêt total du nucléaire n'aurait finalement que peu d'impact sur les émissions de co2, mais par contre cela stopperait enfin la production de déchets radioactifs et ferait cesser le risque de nouvelle catastrophe comme Fukushima...