dimanche 20 avril 2025

Dijon Avenir tacle la maire de Dijon sur son voyage au Japon

A l’occasion de l’Exposition universelle d’Osaka, la maire de Dijon, Nathalie Koenders, est au Japon pour "porter l’attractivité et le rayonnement de Dijon, de sa métropole et de notre région sur la scène internationale" et notamment  intensifier le tourisme entre le Japon et Dijon. C'est dans ce contexte que l'association Dijon Avenir tacle la maire pour son voyage insensé.

Sur sa page Linkedin, Nathalie Koenders explique son voyage au Japon: "attractivité et le rayonnement de Dijon", "notre savoir-faire gastronomique", "annonce d’une Semaine Dijon Bourgogne", "engagée dans la transition écologique", "agir pour sa prospérité et son avenir."

Tandis que sur sa page facebook, Dijon Avenir reprend les éléments et explique l'incongruité :
« Faire rayonner Dijon à l’international et en particulier au Japon, c’est agir pour sa prospérité et son avenir » affirme la Maire de Dijon actuellement en déplacement au Japon avec une délégation de Dijon Métropole et de la Région.
* Comment ont-ils voyagé ?
* Classe éco à 3,4 tonnes d’émission de CO2 par personne ? ou Business à 5 tonnes ?
(source : https://co2.myclimate.org/fr/flight_calculators/new)

Alors que Dijon Métropole affiche dans son Plan Climat Biodiversité l’objectif de baisser notre empreinte carbone par habitant·e de 9,2 tonnes aujourd’hui à 2 tonnes à l’horizon 2050 (conforme aux engagements de la France), ce seul voyage représenterait 2 années d’émissions dans la vie de Nathalie Koenders en 2050 ! S’arrêtera-t-elle de vivre ensuite pendant 2 ans ?

La municipalité affirme qu’intensifier le tourisme entre le Japon et Dijon, c’est agir pour l’avenir.
Malheureusement, les faits et la physique sont têtus : un avenir à 2 t. CO2eq / habitant / an est totalement incompatible avec le développement du tourisme intercontinental, pas plus qu’avec son maintien à son niveau actuel alors que nous allons devoir diviser par 5 notre empreinte carbone !

Dijon Avenir veut protéger tou·te·s les habitant·e·s en imaginant collectivement la nécessaire transformation du territoire et de nos modes de vie à l’horizon 2050, vers l’inéluctable et impérative descente énergétique et matérielle. Dans ce nouveau monde, le tourisme intercontinental en avion aura largement diminué, au profit d’un tourisme continental, national et régional, en train et en vélo !"

Hasard du calendrier,  à partir de ce 19 avril, la France vit à crédit écologique, c'est ce qu'on appelle le "jour de dépassement". Ainsi, si tous les humains vivaient comme les Français·es, les ressources annuelles de la Terre seraient épuisées dès ce 19 avril, a calculé le Global footprint network, qui compare tous les ans l’empreinte écologique de tous les pays du monde.

"Pour atteindre ce résultat, le Global footprint network prend en compte plusieurs indicateurs : la «biocapacité» d’un pays – à savoir sa capacité à produire des ressources (forêts, terres cultivables, zones de pêche, etc.) et à absorber les déchets (dont le dioxyde de carbone émis par les activités humaines) – et son empreinte écologique, autrement dit : le total de tout ce qui est consommé par la population pour répondre à ses besoins (nourriture, bois, espace pour construire des infrastructures…)."

Conclusion : aller au Japon pour faire venir des touristes et se targuer d'être "engagée dans la transition écologique", il y a comme quelque chose qui cloche...

vendredi 11 avril 2025

Aéroport de Dole : de l'argent public, du changement climatique pour tous, du plaisir pour quelques uns

L'aéroport de Dole a besoin d'argent public pour fonctionner, notamment pour rénover la piste d'atterrissage. Monsieur Pascal Blain (de l'association Serre Vivante) est venu à Dijon récemment pour donner une conférence sur l'impact environnemental de l'aviation et donner des informations sur la cas de Dole. Quelques jours plus tard, François Sauvadet et François Rebsamen accordaient des centaines de milliers d'euros pour cet aéroport.

Le voyage en avion fait décoller le réchauffement climatique
L’Accord de Paris, signé par 196 pays lors de la COP 21 de 2015, vise à contenir le réchauffement à 1,5 °C. Afin de respecter cet accord, un panel de solutions est proposé par les scientifiques ou les ONG auprès des gouvernements et du grand public. La diminution du trafic aérien fait partie de ces solutions. 

Un simple vol  peut annihiler les efforts qu’un individu réalise au quotidien pour réduire son empreinte environnementale. Par exemple, un aller-retour Dole-Nantes émet entre 274kg et 857kg équivalent CO2 par passager, ou encore un aller-retour Dole-Marrakech émet entre 647kg et 2400kg alors que notre bilan carbone ne devrait pas dépasser 2 tonnes par an et par personne tout compris ! L‘aviation, c’est 2,5% des émissions mondiales, mais 5% du réchauffement climatique. Alors, voyage en avion et écologie sont-ils si compatibles ?

Le lundi 24 mars, François Sauvadet, président du Conseil départemental, a fait voter une subvention de 150 000€ par an et pour 3 ans pour l’aéroport de Dole. Un collectif d'associations avait préalablement envoyé une lettre ouverte à tous les élus du Conseil Départemental en leur fournissant des éléments pour voter contre cette subvention. Des membres de ce collectif étaient présent le matin même pour distribuer cette lettre en version papier. Malheureusement seuls 3 élus ont voté contre.

Le débat est à retrouver sur cette vidéo.

François Sauvadet, en bon politicien d'expérience, n'hésite pas à ne voir que des effets potentiellement positifs de l'aéroport en cachant soigneusement les effets négatifs. Le "business" d'abord ! Et sa communication sur facebook en est une parfaite illustration...

Le jeudi 27 mars, François Rebsamen, président du Conseil Métropolitain de Dijon, a fait voter une subvention de 150 000€ par an et pour 3 ans pour l’aéroport de Dole. Un collectif d'associations avait la aussi préalablement envoyé une lettre ouverte à tous les élus du Conseil Métropolitain en leur fournissant des éléments pour voter contre cette subvention. Des membres de ce collectif étaient aussi présent juste avant les débats pour distribuer cette lettre en version papier. Malheureusement seuls 3 élus ont voté contre.

Le débat est à retrouver sur cette vidéo.

François Rebsamen n'élève pas le niveau des arguments. Croire que les avions seront tous décarbonés dans 10 ans, avec l'argument que  c'est le directeur des aéroport de Paris qui lui a dit; ça tient soit du ridicule, soit du mensonge délibéré !

Monsieur Aurélien Bigo a réalisé une thèse sur le sujet en 2020 à l'Institut Polytechnique de Paris. Un milieu pas spécialement écolo. Pourtant les conclusions sont sans appel :
- Même si la consommation de carburant par passager a été divisée par quatre depuis 1960, les émissions augmentent à cause de la croissance du secteur à long terme.
- Les évolutions techniques ne suffiront pas, il faut aussi modifier en profondeur nos déplacements.
- Il n’y a qu’une réduction du trafic qui peut permettre de réduire les émissions et respecter l’Accord de Paris sur le climat.

3 fois 150 000€ du côté de François Rebsamen et 3 fois 150 000€ du côté de François Sauvadet. De l'argent public pour le plaisir de quelques uns mais dont les conséquences seront subies par toutes et tous. Nos élus sont-ils des "criminels climatiques" ?

  • Même si la consommation de carburant par passager a été divisée par quatre depuis 1960, les émissions augmentent à cause de la croissance du secteur à long terme.
  • Dans sa thèse à l’École polytechnique, Aurélien Bigo explore la manière dont le secteur des transports peut répondre à l’objectif de neutralité carbone en France à l’horizon 2050.
  • Il estime que les évolutions techniques ne suffiront pas, il faut aussi modifier en profondeur nos déplacements.
  • Il propose de raisonner différemment, en fonction des émissions par temps de transport - 90 kg CO2/h, pour l’avion contre 0,6 kg CO2/h pour le train.
  • Selon ses travaux, il n’y a qu’une réduction du trafic qui peut permettre de réduire les émissions et respecter l’Accord de Paris sur le climat.
    Même si la consommation de carburant par passager a été divisée par quatre depuis 1960, les émissions augmentent à cause de la croissance du secteur à long terme.Dans sa thèse à l’École polytechnique, Aurélien Bigo explore la manière dont le secteur des transports peut répondre à l’objectif de neutralité carbone en France à l’horizon 2050.