mercredi 23 juillet 2025

Quelle place pour les piétons et cyclistes avec la 3ème ligne de tram ?

Communiqué d'Ensemble à vélo dans Dijon et du Collectif piétons dans la métropole dijonnaise du 22 juillet 2025 : "Faut-il se réjouir de voir qu’un système de transport en commun dit “lourd” (tramway, bus), coûteux pour la collectivité, soit plébiscité par les usagers jusqu’à friser la saturation ? On le pourrait si ces usagers, en l'absence de cette solution, avaient utilisé leur voiture individuelle, mais, si ceux-ci peuvent faire leur déplacement à pied ou à vélo, quel est l’intérêt pour la collectivité et les usagers eux-mêmes, d’utiliser un transport en commun ? Même efficaces et peu coûteux pour l’usager, des transports en commun saturés,  sont des repoussoirs pour ceux qui hésitent encore à abandonner leur voiture individuelle.

Image du site dijon-metropole où justement la cohabitation tram - piétons - vélos n'est pas facile (et non pas en toute sérénité)...

Il ne s’agit pas bien sûr de  trier les usagers entre ceux qui seraient légitimes ou les autres, chacun est libre de choisir son mode de déplacement - c’est même inscrit dans la loi - non, il s’agit simplement d’offrir à chaque usager un vrai choix de solutions attractives, “appétantes” pour faire son déplacement. Si un usager doit parcourir deux ou trois fois la distance entre deux stations (environ 1,5 km), s’il perçoit ce trajet, envisageable à pieds, comme inconfortable, avec des cheminements encombrés, il optera sans doute pour le tramway, surtout s’il possède un abonnement. Mais si le trajet peut s’envisager comme une expérience agréable, le choix pourra être autre !

L'installation d'un tramway offre l’opportunité de redessiner l'espace public. Cela nécessite de repenser l'usage des rues et places concernées. Il serait incompréhensible de vouloir maintenir les usages antérieurs, tels que le trafic et le stationnement automobile, au détriment de l’ensemble des modes durables.

La mise en place de cette 3e  ligne doit contribuer à renforcer la marche
Cette reconfiguration de l’espace public, souvent de “façade à façade”, est une opportunité à saisir pour que, tout le long des nouveaux tronçons, les piétons, notamment les plus sensibles d’entre eux,   les enfants, les seniors et les personnes à mobilité réduite,  se voient offrir des cheminements à la “marchabilité” soignée : lisibilité (ne pas avoir à se poser continuellement la question  “suis-je bien sur l’espace piéton ?”), confort (revêtement qualitatif, ombre, bancs, etc.), sentiment de sécurité (ne pas avoir peur de se faire frôler par des vélos, par exemple) et sécurité réelle (disposer de traversées de chaussée ou  des voies du tram  régulièrement espacées et protégées, avec des signaux  clairs et non ambigus),  jalonnement (“suis-je encore loin de ma destination ?”), continuité (toutes les qualités précédentes doivent rester constantes au long du cheminement).

Bien sûr, il serait très pertinent que la “marchabilité” le long des lignes T1 et T2, soit retravaillée (par exemple: le long de l'avenue Jean Jaurès), et que  soit programmée la résorption des points noirs (par exemple: les nombreuses zones de conflits entre piétons et cyclistes).

La mise en place de cette 3e  ligne doit contribuer à renforcer le vélo
L’enfance, puis l’adolescence, sont deux périodes de développement cruciales dans l’adoption de bonnes habitudes de vie, à tous les niveaux. La mobilité n’en fait pas exception. Aussi, alors que la ligne de tramway T3 est présentée régulièrement comme étant la “ligne des lycées”, nous invitons la métropole à profiter de cette formidable opportunité de développer un réseau cyclable ambitieux permettant l’adoption du vélo par les lycéen-nes et les personnels des établissements.

Que ce soit pour des raisons de santé publique, physique comme mentale, pour des raisons économiques ou encore pour des raisons environnementales, permettre l’adoption du vélo se fera au bénéfice de l’ensemble de la population. D’autant plus qu’elle permettra de lutter contre la saturation du tramway, offrant un plus grand confort, et donc une plus grande attractivité à celui-ci.

La mise en place de cette 3e  ligne ne doit pas créer de nouvelles zones de conflits piétons/cycliste
Il n’est pas concevable, ni entendable, que les compromis d’aménagements de l’espace public, notamment ceux concernant le maintien d'une offre importante de stationnement automobile , se fassent, comme ce fût trop souvent le cas lors du déploiement des lignes T1 et T2, au détriment des modes actifs. Dans une métropole résiliente qui fait face aux changements climatiques, et permet de s’y adapter, la priorité doit être clairement affirmée pour les modes durables lors des choix. Et parce qu’à chaque mode de déplacement correspond un besoin et des pratiques, les réponses et solutions adoptées doivent être parfaitement adaptées.

On ne comprendrait pas que la ligne T3 crée, sans assise réglementaire, de nouveaux “espaces partagés”, à l’image de l’avenue Foch ou  encore des abords de l’école du Nord, place de la République, où le “débrouillez-vous” est trop souvent synonyme d’incompréhensions et de tensions. On ne peut pas imaginer qu’une intersection telle que celle située au croisement Godrans / St Bernard puisse être reproduite ailleurs.

Cette nouvelle ligne doit être l’occasion de mettre en œuvre de nouvelles pratiques d’aménagements exemplaires, qu’il conviendra de déployer par la suite dans l’ensemble de la métropole afin de rattraper le retard et apprendre des erreurs du passé.

Pour une réelle concertation avec les usagers de modes actifs
Les représentants des piétons ou des cyclistes, dans le cadre de tels projets d'aménagements, n’ont naturellement pas vocation à se substituer aux responsables politiques pour arbitrer entre les divers choix possibles. Cependant, de par leur expertise d’usage, ils peuvent éclairer ces choix pour que ceux-ci répondent au mieux à l’intérêt général et, in fine, pour que ces lourds investissements soient les plus pertinents possibles.

Mais pour que les représentants des usagers puissent jouer pleinement ce rôle, la concertation ne doit pas se limiter à une simple information sur l’avancement du projet. Elle doit leur permettre, en ayant en main toutes les données nécessaires,  d’exprimer leur avis bien avant que “les choses soient ficelées”. Nous souhaitons donc, par exemple, et contrairement à ce qui s’était passé pour les lignes T1 et T2, avoir connaissance des plans et aménagements détaillés bien en amont de l'enquête publique pour co-construire ces futurs espaces publics."

Reste à voir maintenant si la demande de ces deux associations de participer à la concertation sera suivie d'effet.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire