Depuis quelques jours, des membres des associations Les Amis de la Terre Côte-d'Or et ATTAC21, et des citoyens engagés pour le climat recouvrent les publicités des banques climaticides imposées à la vue de tous sur les panneaux publicitaires des abribus.
Le message est double :
– dénoncer la publicité toxique des banques qui soutiennent très fortement l’industrie fossile,
– Réitérer la demande publique aux maires de la métropole dijonnaise et
à son président François Rebsamen, de ne pas renouveler le contrat
publicitaire sur les arrêts de bus et panneaux pub appelés « sucettes »,
qui prend fin en 2022. Cette mesure permettra d’en finir avec les
publicités pour les multinationales et la surconsommation qui polluent
les rues de Dijon, La solution proposée étant de créer une commission
validant le contenu des informations présentes sur les futures aubettes
dijonnaises, réservées aux commerces locaux.
Banques climaticides, explications
L’impact climatique des banques françaises est considérable.
Aux trois premières places des entreprises françaises les plus
polluantes, on retrouve BNP Paribas, Société Générale et Crédit
Agricole, qui ont chacune une empreinte carbone supérieure au territoire français.
Elles jouent un rôle prépondérant en finançant le modèle économique du passé, fortement émetteur de gaz à effet de serre.
Le rapport international Banking On Climate Chaos a révélé
en mars 2021 que BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole et le
groupe BPCE ont au total presque doublé leurs financements au charbon,
pétrole et gaz entre 2016 et 2020 – soit en moyenne + 19 % par an. En
2020 en se sont les premiers financeurs européens des énergies fossiles.
La finance est un levier fondamental pour limiter le réchauffement
planétaire sous la barre critique de 1,5 °C, mais elle persiste à
freiner la transition : c’est le secteur économique qui a l’impact
carbone le plus important.
100 milliards pour détruire le climat
Une étude des Amis de la Terre France et Oxfam France montre
que depuis janvier 2020, BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole
et le groupe Banque Populaire Caisse d’Epargne ont accordé 100 milliards
de dollars de financements aux entreprises actives dans le charbon, le
pétrole et le gaz. Leurs meilleures clientes sont les huit majors
pétrolières et gazières, qui ont capté 25 % du total de ces
financements. BNP Paribas a à elle seule financée ces majors pour 12
milliards de dollars.
Les quatre grandes banques françaises ont de surcroît toutes augmenté
ces financements, de 22,5 % en moyenne entre 2019 et 2020. Cette hausse
est le résultat d’un bond de leurs émissions d’actions et d’obligations
pour le compte d’entreprises des énergies fossiles. Elles ont ainsi
permis à de grands groupes polluants de lever rapidement et à grande
échelle des capitaux sur les marchés financiers. En haut de la liste des
entreprises qui en ont bénéficié, on retrouve ici encore les majors et
notamment BP, qui a reçu en 2020 7,8 milliards de dollars de
financements de BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale.
Et l’Accord de Paris ?
L’addiction aux majors des banques françaises représente un
danger climatique avéré. Ces quelques multinationales continuent à miser
massivement sur le développement des hydrocarbures – secteur qui capte
plus de 90 % de leurs dépenses d’investissement, et n’ont pas
l’intention d’y renoncer. Si, dans une tentative de verdissement de leur
image, elles ont toutes pris des engagements en matière climatique,
aucune de ces annonces ne se rapproche même des objectifs de l’Accord de
Paris.
AXA IM (AXA Investment Managers) gère plus de 869 milliards d’euros
d’actifs et est un des principaux assureurs du secteur pétro-gazier. AXA
IM a annoncé lors de la COP26 l’arrêt de ses soutiens aux
hydrocarbures non conventionnels, mais se laisse malgré tout le droit
d’investir dans les entreprises coupables de plus de 56% de l’expansion
pétrolière et gazière actuellement prévue. Pourtant l’AIE (L’Agence
Internationale de L’énergie) stipule clairement que l’atteinte des
objectifs climatiques internationaux requiert de ne plus développer de
nouveaux champs pétroliers et gaziers. AXA IM doit donc exclure dès
aujourd’hui les entreprises ouvrant de nouveaux champs pétroliers et
gaziers.
Suraffichage : les citoyens passent à l’action
Connaissant l’impact environnemental de ces entreprises, les
Amis de la Terre Côte-d’Or, ATTAC21, accompagnés de citoyens
volontaires, ont entrepris de sur-afficher toutes leurs publicités
présentes sur les abribus.
La technique consiste à fixer, avec du ruban adhésif, des affiches
montrant le vrai visage de ces banques. Un acte non violent et sans
dégradation pour dénoncer les investissements de ces multinationales et
informer les habitants de la métropole.
Nous demandons à ces entreprises de ne plus s’afficher dans les rues de
la métropole tant qu’elle continueront à avoir des investissements
climaticides et à monsieur François Rebsamen, président de Dijon
Métropole, de s’engager pour des aubettes locales sur lesquelles il
pourra y avoir des informations économiques locales et écoresponsables,
ou associatives et culturelles.
(communiqué des Amis de la Terre Côte-d’Or et ATTAC21)