"Pourquoi tant de panneaux publicitaires dans l’espace public ?", telle est le titre d'un article de l'association Paysages de France dans sa lettre de décembre 2021. Un article qui, normalement, devrait faire ouvrir les yeux de n'importe quel élu.e sur l'impact de la publicité dans les rues de sa ville. Une situation qui s'applique à l'agglomération dijonnaise....
"L’espace public a été progressivement envahi par des publicités qui vantent essentiellement l’alcool, la restauration rapide et les sodas, les « belles » et grosses voitures, et les parfums en s’appuyant sur la valorisation de corps féminins « désirables ». Pourquoi investir tant d’argent et tant d’intelligence pour des activités commerciales nocives pour la santé, la société et la planète ? L’alcool à lui seul est un problème de santé publique majeur en même temps qu’un important facteur de désordres sociaux. Il est la première cause de démence précoce, la deuxième cause de cancer évitable, en particulier cancer du sein et cancer du côlon ; il est la première cause non génétique de retard mental ; il provoque un millier de morts et 10 000 blessés tous les ans par les accidents de la circulation qu’il occasionne ; il est présent dans plus de la moitié des violences commises en France ; il multiplie par 8 le risque de violences conjugales et y est présent dans 55 % des cas ; il est responsable de 30 % des entrées dans les services d’urgence ; il est responsable de 50 000 morts par maladie tous les ans ; on estime qu’il est responsable de 120 milliards de pertes économiques chaque année ; 44 % des jeunes de 17 ans ont pris l’habitude d’avoir au moins une ivresse pathologique par mois ; ces ivresses tuent définitivement les neurones qui produisent les nouveaux neurones. Mais c’est 2,5 milliards de taxes pour l’État et c’est le deuxième produit exporté par la France avec 7,2 milliards par an ; c’est un secteur qui draine quelque 500 000 emplois ; les alcooliers dépensent 500 millions par an en publicité quand l’État dispose de 120 millions pour la prévention de toutes les addictions. Alors, pourquoi mettre des affiches dans l’espace public ? C’est parce qu’on commence à comprendre que l’alcool est un fléau que les alcooliers ont décidé de communiquer sur le thème du plaisir prétendument maîtrisé. Pour cela, ils utilisent un biais cognitif nommé effet de simple exposition, décrit par Robert Zajonc en 1968. Il se caractérise par une augmentation de la probabilité d’avoir un sentiment positif envers quelqu’un ou quelque chose par la simple exposition répétée à cette personne ou cette chose. C’est exactement ce que réalise la publicité dans l’espace public. Avec malheureusement des conséquences très nocives pour les personnes et la société. En l’occurrence, on pourrait considérer, d’une certaine manière, que l’État n’est plus dépositaire du bien commun."
Un argument supplémentaire (est-ce encore nécessaire d'en rajouter ?...) pour interdire ces publicités dans l'espace public concerne une étude anglaise sur les "changements dans les achats d'aliments et de boissons des ménages à la suite de restrictions sur la publicité pour les produits riches en matières grasses, en sel et en sucre sur le réseau de transport londonien : une analyse contrôlée de séries chronologiques interrompues".
Traduction de l'introduction et de la conclusion de l'article : "La restriction de la publicité des produits à haute teneur en matières grasses, en sel et en sucre (HFSS - High Fat, Salt, Sugar) a été recommandée comme outil politique pour améliorer l'alimentation et lutter contre l'obésité, mais l'impact sur les achats HFSS est inconnu. Cette étude visait à évaluer l'impact des restrictions publicitaires HFSS, mises en place sur le réseau de transport de Londres (Royaume-Uni) en février 2019, sur les achats HFSS.
Cette étude trouve une association entre la mise en œuvre de restrictions sur la publicité HFSS extérieure et les réductions relatives de l'énergie, du sucre et des matières grasses achetées à partir de produits HFSS. Ces résultats appuient les politiques qui restreignent la publicité HFSS en tant qu'outil pour réduire les achats de produits HFSS."
Il en est évidemment de même pour toutes les autres publicités, à savoir l'électronique en tous genres, les voitures, les parfums, les vêtements,... Le GIEC a beau alerter encore et encore, tant que les élu.e.s ne supprimeront pas ces types de publicités sur la voir publique, ces élu.e.s ne seront pas crédibles pour agir contre le dérèglement climatique et pour la justice sociale !
Plusieurs associations locales interpellent sans cesse nos décideurs, comme Les Amis de la Terre Côte-d'Or ou XR Dijon.