mercredi 28 juin 2023

Rassemblements pour dénoncer la dissolution des Soulèvements de la Terre

Dans plus d'une centaine de villes, le 21 juin, le soir même où le gouvernement décidait la dissolution du collectif des Soulèvements de la Terre, de nombreuses personnes se rassemblaient devant les préfectures pour dénoncer ce choix. A Dijon, près de 200 personnes étaient présentes.

Alors que Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur, parle d'"écoterrorisme", ce gouvernement faisait donc une première : la dissolution d'un collectif écologiste. Il s'agit là d'une nouvelle étape dans la criminalisation du mouvement écologiste.

Selon Philippe Descola, anthropologue, "le terrorisme est un mode d'action pour imposer un point de vue, un régime politique, par la terreur. Or rien n'est plus étranger aux modes d'intervention des Soulèvements de la Terre ! Il s'agissait d'un mouvement ouvert, décentralisé, constitué d'associations de défense de l'environnement, de paysans, de naturalistes, de syndicalistes, de mouvements d'éducation populaire, de chercheurs. On y trouvait des personnes de tous âges, de tous horizons, qui sont révoltés par la dévastation de nos milieux, l'accaparement des terres, la bétonisation, les dégâts causés par l'agriculture industrielle, qui aspirent à un monde plus égalitaire et moins exposé à la destruction du vivant, et qui s'élèvent, aussi, contre l'inaction climatique de l'Etat français.

Parler d'écoterrorisme est surtout une façon pour le pouvoir, et les grandes firmes capitalistes, de tenter de se protéger et de détourner l'attention en brandissant un terme stigmatisant qui ne correspond à aucune réalité. Les Soulèvements de la Terre n'était pas un comité secret de l'"ultragauche", qui se réunirait dans des caves, pour mettre à bas l'etat, comme le fantasme Gérald Darmanin. ca en dit long sur l'imaginaire complotiste du ministère de l'intérieur. Cela témoigne, aussi, de la menace que représente le mouvement écologiste pour le modèle social et économique dévastateur qui domine aujourd'hui. L'intensification de la répression le prouve. Sauf qu'on ne peut pas dissoudre l'écologie..."

Un second rassemblement a eu lieu à Dijon le 28 juin, réunissant presque autant de monde, mais aussi à Beaune et à Montbard.

Pour comprendre un peu mieux cette volonté de dissolution de ce mouvement écologique, il est très intéressant de lire l'article de Reporterre.net : "Comment la FNSEA a eu la peau des Soulèvements de la Terre". Cette même FNSEA qui cumule les actions violentes en toute impunité depuis des années.

C’est un paradoxe. Chaque jour, les conséquences du dérèglement climatique et les atteintes à l’environnement sont de plus en plus visibles. Et pourtant, les écologistes qui lancent l’alerte depuis plusieurs décennies n’ont jamais autant été la cible d’actes de répression et de violence.

vendredi 23 juin 2023

Du nouveau chez Bocaux&co : 9 modèles de bocaux réutilisés, 14 points de collectes

Pour optimiser la collecte et favoriser le réemploi, l'association dijonnaise Bocaux & Co, spécialisée dans le ré-emploi de bocaux en verre, sélectionne maintenant 9 modèles et 4 familles correspondant aux bocaux les plus utilisés par les producteurs locaux.

A savoir que seuls les bocaux sans étiquettes sont récupérés. Si les étiquettes sont difficiles à enlever, elles le seront aussi pour les membres de l'association.

Le nombre de points de collecte volontaire, c'est à dire où tout à chacun peut apporter ses bocaux, est maintenant de 14. En effet, à partir du 1er mai 2023, le réseau de points de collecte évolue : territoire plus large, points de collecte plus nombreux et mieux adaptés.

  • Au Gramme Près : 51 rue Général Fauconnet, Dijon
  • Boutique-Atelier bocaux&co (les mercredis et vendredis de 14h00 à 18h00) : 9 rue Maurice Ravel, Dijon
  • Epicerie locavore des Bourroches : 34 bd Eugène Fyot, Dijon
  • La conserverie d’Elisabeth : 10 boulevard de Verdun, Dijon
  • La Réserve bio : 83 avenue Jean-Jaurès, Dijon
  • Maison des associations : 2 rue des Corroyeurs, Dijon
  • Mjc des Bourroches : 31 bd Eugène Fyot, Dijon
  • Papilles : 5 rue Vaillant, Dijon
  • La réserve Bio : 13 rue Thiers, Auxonne
  • Epicerie paysanne : 32 rue d’Alsace, Beaune
  • Court Circuit 21 : 23 rue de la Justice, Chenôve
  • Le Local (alimentation du quotidien) : Rue du stade, Fleurey s/ Ouche
  • L’épicerie de Virginie : 11 rue du Pautet, Ouges (épicerie itinérante)
  • L’Hirdond’Aile : 16 rue Nouvelle, Varanges

jeudi 22 juin 2023

Le circuit de Dijon-Prenois : A fond vers l'extinction

Communiqué de XR Dijon : "A l'heure de la sixième extinction de masse, l'équilibre écologique doit être restauré. La compétition automobile est emblématique de ce qui le détériore. Ce jeudi 18 juin 2023, à l'occasion d'une compétition de grande affluence au circuit Dijon-Prenois, deux groupes d'activistes d'Extinction Rebellion Dijon ont conduit des actions visant à interpeller sur l'aberration que constitue ce lieu et ses pratiques.


Le problème du circuit Dijon-Prenois

D'abord, le circuit automobile Dijon-Prenois est une nuisance perpétuelle pour la forêt qui l'entoure. Baladez-vous dans les parages un weekend entre mars et novembre et vous entendrez vrombir les moteurs sur des kilomètres à la ronde à n'en pas pouvoir discuter. Vos oreilles excédées, vous pourrez focaliser vos yeux à la recherche de plantes - des animaux en revanche, vous n'en verrez pas, leur sensibilité au bruit les repousse loin, supprimant leur espace de vie bien au-delà des 65 hectares de forêt rasés en 1972 pour construire le circuit.

A la forêt rognée s'ajoute les émissions de particules fines (combustion du pétrole et usure des pneus) et celles de dioxyde de carbone, causant respectivement cancers et dérèglement climatique.

Par ailleurs, les courses automobiles véhiculent des idéologies néfastes, certaines communes aux sports de haut-niveau (méritocratie, domination d'autrui, virilisme) et d'autres spécifiques (valorisation d'une pratique intrinsèquement polluante, promotion de la technique comme solution à la catastrophe écologique). Hors compétition, l'automobile sur circuit est le loisir d'une élite qui n'hésite pas à parcourir des centaines de kilomètres pour venir tourner en rond à toute vitesse.

Cerise sur le gâteau, la ville de Dijon associe son nom au circuit, lui offrant un soutient symbolique, et le département de Côte d'or a versé en 2022 la somme de 88500€ pour la réfaction de la route d'accès. La connivence de l'administration dijonnaise est sans borne puisque le circuit n'a pas fourni certaines pièces (relevés sonores) nécessaires à son homologation, un recours a été déposé par les Sentinelles de la montagne dijonnaise et l'audience au tribunal est repoussée sans motif depuis 1 an et demi. Ajoutons qu'en 2019, le projet d'extension du circuit (impliquant la destruction de 40 ha de forêt supplémentaires) n'a été stoppé que par l'office national des forêts (ONF).


Déroulé des actions du 18 juin

En ce jour de grande affluence, des activistes d'Extinction Rebellion Dijon ont mené deux actions.

Le matin aux alentours de 11 h 20, le podium du circuit a servi de scène pour dénoncer la responsabilité d'institutions et entreprises dans le désastre du circuit Dijon-Prenois. Trois militant·e·s sont monté·e·s sur les marches du podium avec des t-shirts identifiant, à la troisième place la ville de Dijon, à la deuxième l'entreprise Avia, dont une station service est implantée dans l'enceinte même du circuit et, grande gagnante, la fédération française de sport automobile (FFSA). Devant les champion·ne·s, une banderole annonçait "Grand prix du massacre de la forêt de Prenois". Les noms d'autres sponsors de l'évènement inscrits en arrière plan viennent compléter le classement : BMW, Motul, Pirelli, Automoto, Endurance-info, Stop&go, Elf, et Thévenin & Ducrot (propriétaire du circuit). Après la descente du podium, le gérant du circuit a tenu à faire part aux activistes de son éveil au sujet du changement climatique, tout en ajoutant que les biocarburants rendraient l'automobile durable et que le problème serait surtout la pollution de la Chine...

L'après-midi, pendant le premier tour d'une course du championnat de France FFSA GT4, 4 rebelles vétu·e·s de tenues de peintre et de masques d'animaux se sont introduits dans l'enceinte du circuit et ont tenu quelques instants face aux gradins une banderole "A fond vers l'extinction, ralentir ou périr ?". Les activistes ont également agité un drapeau rouge indiquant l'arrêt de la course ; les commissaires en revanche n'ont pas jugé bon de manier leur drapeau, trop occupés à hurler "vous avez pas de couilles, bande de pédés !" (comme un écho à notre propos plus haut, sur les valeurs véhiculées par ce sport).

 La sécurité s'est dirigée vers les activistes et Leur cri d'alarme poussé, "les animaux" se sont enfuis dans la forêt.
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Les enjeux de ces actions

La première action n'a pas perturbé l'évènement du jour, elle visait à rappeler deux implicites souvent oubliés : 1) ici se trouvait un espace gorgé de vie et 2) son massacre est le fruit de décision humaines dont les responsables sont connus.

L'action de l'après-midi avait pour but d'interpeller sur la nécessité de ralentir : il est urgent de quitter la logique du toujours-plus, qui transparaît dans la vitesse des véhicules en compétition, dans la volonté d'extension du circuit Dijon-Prenois, et plus largement dans la quête d'une croissance économique infinie. En effet, la course automobile n'est que le symptôme d'un mode de pensée qui, répétons-le, nous mène vers la sixième extinction massive de la vie sur terre. "Ralentir ou périr" est le titre du récent livre de Timothée Parrique qui, avec toustes les économistes raisonnables nous enjoint à la décroissance : produire moins et mieux répartir les richesses pour satisfaire les besoins d'un maximum d'humains, tout en préservant l'habitabilité de la planète (condition sine qua non). Cela implique l'arrêt des pratiques élitistes polluantes et gaspillant les ressources naturelles.

On nous objectera que les activités du circuit automobile Dijon-Prenois ne représentent qu'une infime proportion de la pollution mondiale ou française. Ce genre de raisonnement ne peut conduire qu'à l'inaction : en segmentant les activités (par ex., un circuit plutôt qu'une pratique) et en comparant l'impact de chacune à un tout dont l'immensité la dépasse, on rejette toute responsabilité ; on fait de même depuis des décennies et la situation écologique s'est dramatiquement aggravée. Ainsi, à travers le circuit Dijon-Prenois, Extinction Rebellion Dijon dénonce l'ensemble des pratiques de compétition automobile et toute activité écocide ne satisfaisant aucun besoin humain.

Nous exigeons
* Que la ville de Dijon et le département de Côte d'Or cessent de soutenir le circuit Dijon-Prenois - quelques gains d'attractivité territoriale ne justifient pas l'écocide - et revoient plus largement leur modèle économique sans quoi leurs ambitions écologiques ne pourront être que médiocres.
* Que l'institution judiciaire en charge du dossier de l'homologation du circuit le traite de manière impartiale et rende enfin son verdict selon les normes environnementales en vigueur.
* Que les sponsors du circuit Dijon-Prenois dont la santé économique ne dépend pas fondamentalement de celle du circuit s'en désolidarisent.
* Que la direction du circuit se remette admirablement en question et laisse la forêt reprendre ses droits : qu'elle abatte le grillage et les glissières de sécurité, détruise le goudron et condamne la route d'accès au circuit.

Nous invitons toute personne à se rendre dans la forêt de Prenois un jour de course pour comprendre l'absurdité et les dégâts de ce genre d'évènement à l'heure de l'urgence écologique.

Amour & Rage

Extinction Rebellion Dijon"

vendredi 16 juin 2023

RUBS : la ville rejette le recours gracieux contre Venise 2

Communiqué - 8 juin 2023
"L’adjoint à l’urbanisme Pierre Pribetich rejette le recours gracieux contre le permis de construire de Venise 2. Il reconnaît implicitement que le maire de Dijon et sa première adjointe ont menti sur la protection des arbres !

En soutien du collectif Sauvons les berges du Suzon, quatre associations dijonnaises de défense de l’environnement (Les Amis de la Terre Côte-d’Or, France Nature Environnement Côte-d’Or, la Ligue de Protection des Oiseaux Bourgogne-Franche-Comté et les Ami-es des Jardins de l’Engrenage) ont adressé en mars 2023 au Maire de Dijon, un recours gracieux demandant le retrait du permis de construire accordé fin janvier au projet immobilier Venise 2.

C’est l’adjoint à l’urbanisme P. Pribetich qui s’est chargé de répondre, en rejetant ce recours. Nous prenons acte de ce rejet et nous préparons un recours devant le tribunal administratif avec les associations impliquées.

Dans sa réponse, Pribetich reconnaît (enfin !) que des arbres seront bien abattus :

Il reconnaît ainsi que le Maire et sa première adjointe mentaient aux Dijonnais.es, lorsqu’ils affirmaient qu’aucun arbre ne serait abattu pour ce programme Venise 2 !
En effet, on se souvient des promesses du duo Rebsamen-Koenders (décryptées en détail ici) :
Déjà, la délibération de vente des terrains aux promoteurs, adoptée par le Conseil Municipal en juin 2022, promettait la conservation des arbres et de la ripisylve :

Reniant sa belle promesse de décembre 2022, le Maire a bien délivré en janvier 2023 un permis de construire qui prévoit l'abattage de 80 arbres sur les 342 que compte le site :
La très grande majorité des arbres à abattre sont vivants et en bonne santé. À Dijon, pour abattre un arbre, il suffit de l’accuser de ne servir à rien : curieuse relecture de la nécessité vitale de conserver notre biodiversité !

L’adjoint à l’urbanisme mentionne ensuite la préservation de la ripisylve du Suzon :
Au contraire, il suffit de jeter un oeil aux visuels de promotion du programme Venise 2 (aussi nommé « les Rives du Suzon ») pour constater l’effet destructeur du projet sur la ripisylve, qui joue pourtant un rôle essentiel de protection des berges contre l’érosion :

Ainsi, le promoteur veut vendre une vue directe sur le Suzon et promet aux futurs acquéreurs qu’ils auront « l’agréable sensation de vivre au fil de l’eau ». Mais au prix de la destruction de cet écosystème fragile que constitue la ripisylve.

D’autre part, nous relevons une complète incohérence entre deux plans successifs qui recensent les arbres à abattre. D’abord le plan annexé au dossier Dossier Loi sur l’Eau, qui mentionne l’abattage de l’essentiel des grands arbres de la ripisylve du Suzon, d’autre part le plan annexé à la demande de permis de construire, sur lequel ces arbres n’apparaissent plus comme abattus :
En réalité, ces arbres sont beaucoup trop proches des premières maisons pour pouvoir être conservés, du fait du risque RGA (retrait-gonflement des argiles) qui touche cette zone. Dans son article 9.3.1 alinéa 6, le PPRN (Plan de Prévention des Risques Naturels) de Dijon recommande ainsi « l’arrachage des arbres situés à une distance du bâti inférieure à leur hauteur à maturité ». Par ailleurs, même si ces arbres étaient maintenus, cette trop grande proximité des maisons fragiliserait leur système racinaire et les condamnerait à moyen terme. Ne plus les faire apparaître sur le plan du permis de construire comme « arbres supprimés », c’est peut-être une demande faite au promoteur par la mairie pour tenter d’endormir les Dijonnais.es qui s’opposent à ce projet. Si c’est le cas, c’est malhonnête et cynique.

Plus personne ne peut ignorer les conséquences désastreuses du chaos climatique sur la nature et la vie des habitant.es des villes. Défendre le grand espace de nature et de fraîcheur de la RUBS, c’est non seulement défendre les arbres et la biodiversité, mais aussi la santé des Dijonnais.es.


Nous préparons un recours devant le tribunal administratif et nous continuons la lutte jusqu’à la protection complète de la Réserve Urbaine de Biodiversité du Suzon.

Rejoignez-nous !

Collectif Sauvons les berges du Suzon"

vendredi 9 juin 2023

4 faucheurs dijonnais au tribunal de Rodez

28 faucheurs volontaires, dont 4 dijonnais, étaient jugés le 7 juin à Rodez, en Aveyron. De plus, 28 se sont déclarés "comparants volontaires" dont 2 dijonnais, ce qui a été accepté par le juge. Les militants ont profité de l’audience pour rappeler leur combat contre les OGM et les pesticides. Délibéré rendu fin juin.




 

 

 

 

 


Communiqué :
Rodez (Aveyron), reportage

Une juge à l’écoute, un procureur qui accepte que la salle d’audience « soit à la fois tribunal et tribune » et la liberté donnée à la totalité des prévenus de prendre, même brièvement, la parole. Les procès des Faucheurs volontaires d’OGM sont toujours hors norme, mais celui d’hier à Rodez, au nord-est de Toulouse, l’a été encore davantage. Ont défilé à la barre couvreur, charpentier, allocataires de minima sociaux, retraités armés de canne ou de béquilles, venus d’Aveyron, d’Ariège, de l’Hérault ou plus loin, de Bretagne ou de Bourgogne. Des personnalités qui n’étaient pas sans rappeler les réjouissants héros de la bande dessinée Les Vieux Fourneaux et qui ont profité de l’audience pour rappeler leur combat contre les organismes génétiquement modifiés et contre les pesticides.

Les faits incriminés remontent au 10 novembre 2021. Ce jour-là, une soixantaine de militants ont pénétré illégalement sur le site industriel de l’entreprise RAGT Semences, à Calmont, près de Rodez. Leur cible : des graines de variétés rendues tolérantes aux herbicides (VrTH), du colza ou du tournesol type Clearfield, breveté par BASF. Menant ce qu’ils appellent une « inspection citoyenne », les faucheurs ont alors sillonné l’usine et éventré une quinzaine de grands sacs de semences Clearfield, avant de repartir. L’auteur de ces lignes a d’ailleurs été inculpé, puis relaxé, pour avoir couvert cette action comme Reporterre vous le raconte ici

Vingt-huit faucheurs volontaires étaient poursuivis pour « soustraction frauduleuse et dégradation volontaire en réunion ». L’avocate du groupe semencier n’a réclamé que 6 600 euros de préjudice, et le procureur requis deux mois de prison avec sursis pour l’ensemble des prévenus. L’avocat des Faucheurs, lui, a demandé la relaxe générale car l’action relève pour lui de « l’état de nécessité » mais aussi de la « liberté d’expression ». La justice décidera de leur sort le 28 juin prochain.

Premier enjeu de l’audience : faire reconnaître le principe des « comparants volontaires ». Soit des militants bel et bien présents durant l’action mais qui n’ont pas été inculpés. Ainsi, vingt-huit autres Faucheurs ont demandé à être, eux aussi, jugés afin d’insister sur le caractère collectif de leur lutte. Surprise : cela a été accepté, y compris par le procureur. Une victoire politique qui a permis de faire du procès un lieu de débat et de témoignage.

Tour à tour, la cinquantaine de prévenus présents ont pu rappeler en quelques minutes le motif de leur engagement : « je fais ça pour mes petits enfants » ; « je m’inquiète beaucoup pour le sort de notre planète ». S’ils sont ainsi intervenus à la RAGT, c’est « pour se substituer aux services de l’État qui ne font pas leur boulot ». Les semences visées, les VrTH, avaient en effet été reconnues comme relevant de la législation sur les OGM par le Conseil d’État en février 2020. Une décision que le ministère de l’Agriculture a constamment refusé d’appliquer. Après un jugement alambiqué de la Cour de justice de l’Union européenne en février 2023, le Conseil d’État doit à nouveau se prononcer prochainement sur les modalités d’application de cette réglementation. 



 

 

 

 

 

 



« Les paysans sont les premières victimes des pesticides »
« Au moment des faits, au moins l’une des variétés mises en cause par les faucheurs ne figurait pas au catalogue des semences et ne pouvait donc pas être commercialisée », a insisté Me Tumerelle, l’un des deux avocats des faucheurs. L’entreprise « respecte toutes les réglementations en matière d’OGM et de semences », précise à Reporterre Olivier Lucas à la suspension de séance. Directeur valorisation chez RAGT Semences, il ajoute que l’entreprise a subi trente actions des Faucheurs et n’a jamais été condamnée. Il faut « que ces agissements cessent » et que soit enfin « reconnue l’illégalité des actes d’intrusion illégale et dégradation sur une propriété privée ».

Mais, face aux questions de la juge — « Qu’avez-vous à dire sur les faits ? » — les Faucheurs ont préféré répondre sans vergogne : « Moi, je voudrais plutôt parler de mes convictions. » Dans leurs prises de parole, le solennel « nous sommes l’armée du vivant » se joint parfois au burlesque « excusez-moi, on m’a volé mon dentier » en passant par les questions philosophiques telles que « peut-on voler quelqu’un qui distribue lui-même des produits interdits ? ». Les rares personnes à ne pas avoir un casier vierge ont surtout été condamnées pour d’autres actions anti-OGM. Inculpé en 2001 pour avoir fauché un champ de Monsanto, Michel répond ainsi que « ça a fait avancer la cause ». Sébastien, ancien porte- parole de la Confédération paysanne en Aveyron, rappelle avec gravité que « les premières victimes des pesticides, ce sont les paysans eux-mêmes. Et on en connaît autour de nous qui en sont mort »
Un discours auquel la juge est restée attentive, tout comme elle a été à l’écoute des experts en santé pédiatrique et pollution des milieux aquatiques convoqués par les Faucheurs. Chose rare : même le procureur a admis qu’il est
« dans l’intérêt de la société que chacun puisse s’exprimer ». Pour lui, le problème, c’est le « passage à l’acte contreproductif » des Faucheurs « qui génère de l’injustice chez les victimes »

Big bag et micropréjudices
Difficile pour l’avocate de la RAGT, Me Monestier, de faire entendre l’ampleur du préjudice pour l’entreprise. Surtout quand sa défense s’est centrée sur l’importance de l’entreprise et son rôle économique en Aveyron, évoquant le souvenir de la « fierté pour les Aveyronnais quand la RAGT était sponsor d’une équipe cycliste sur le tour de France ». Un discours d’autant plus décalé que les Faucheurs aussi ont cette fierté locale d’avoir vu leur mouvement naître en 2003 sur le Larzac. Et lorsque l’avocate de la RAGT assure « nous ne sommes pas là pour faire un débat sur les OGM », les prévenus ne peuvent réprimer un rire et un « ben si ! » collectif, seul moment de chahut immédiatement stoppé par la juge.

Évalué au départ à 200 000 euros le soir de l’action des Faucheurs, le préjudice financier pour la RAGT se révèle bien moindre, tout au plus 10 000 euros selon l’entreprise. Les 6 600 euros de préjudice requis, fondés sur un chiffrage réalisé en interne par la RAGT « correspondent aux heures de travail qu’il a fallu pour nettoyer et retrier les graines qui ont été répandues sur le sol ». Il a aussi fallu « créer une cellule de soutien psychologique après cette action ». L’avocate assure d’ailleurs que les sommes reversées à l’entreprise en cas de condamnation iront aux salariés via le comité d’entreprise.

Si les Faucheurs ont tous contesté l’accusation de vol, « nous n’avons rien volé, tout au plus déplacé deux sacs pour les montrer aux journalistes », la plupart reconnaissent avoir « ouvert et répandu des sacs sur le sol mais leur contenu n’a pas été détruit ». La majeure partie du contenu des sacs visés a pu être récupérée et commercialisée ensuite. Le préjudice se concentre donc sur les big bags eux-mêmes, dont le prix est évalué une douzaine d’euros pièce selon les avocats de faucheurs Me Tumerelle et Me Gallon. Une perte considérée par la défense comme « minime » pour la RAGT, « éminente représentante de l’agro-industrie en France, qui accapare les semences », selon Me Tumerelle. Et son collègue Me Gallon de rappeler que derrière cette action des Faucheurs l’enjeu plus global est celui « de la liberté d’entreprendre et du droit de propriété qui s’oppose au droit à vivre dans un environnement sain ».

lundi 5 juin 2023

Greenpeace Dijon fait signer une pétition contre l'exploitation minière des fonds marins

"Alerte rouge sur les fonds marins. Demandons l'interdiction de l'exploitation minière en eaux profondes". Vendredi 2 juin, les militants de Greenpeace Dijon étaient sur le marché de Dijon pour faire signer une pétition afin de protéger les fonds marin contre un désastre annoncé.

"L'exploitation minière en eaux profondes consiste à envoyer d'énormes robots-collecteurs jusqu'à 6000 mètres de profondeur pour extraire du cobalt, du cuivre, du nickel et autres métaux des fonds marins. Cette industrie causerait d'irréversibles dégâts sur la biodiversité des océans et perturberait le rôle essentiel qu'ils jouent dans la régulation du climat. Toute la chaîne alimentaire marine pourrait être touchée."

"Les compagnies de l’industrie minière lorgnent sur les fonds marins. Elles veulent les labourer pour extraire des minerais considérés comme précieux. Des écosystèmes et une biodiversité exceptionnels sont en danger, sans parler du climat, dont le dérèglement pourrait s’aggraver avec la perturbation des stocks de “carbone bleu” enfouis dans les profondeurs.

Si l’exploitation minière dans les grandes profondeurs n’est pas encore autorisée, elle pourrait l’être dès l’été 2023. Mais de plus en plus de voix s’élèvent :
* Mars 2021 : de grandes entreprises de l’automobile et de l’électronique appellent à voter pour un moratoire sur l'exploitation minière en haute mer et s’engagent à ne pas utiliser les ressources qui seraient extraites des fonds marins.
* Septembre 2021 : lors du congrès mondial de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), plus de 80% des États et 600 scientifiques ont voté en faveur d’un appel au moratoire sur l'extraction minière en eaux profondes.
* Novembre 2022 : lors de la COP27, Emmanuel Macron annonce “la France soutient l’interdiction de toute exploitation des grands fonds marins”.
* Janvier 2023 : l’Assemblée nationale se prononce contre l’exploitation minière des fonds marins.

L’engagement de la France contre l'exploitation minière des fonds marins, en novembre 2022, est tardif, mais reste une bonne nouvelle : en effet, nous craignions que la France ne s'entête dans une position pro-exploitation. A l’automne 2021, Emmanuel Macron s’était ainsi dit favorable à l’exploitation minière des fonds marins, qu’il considérait comme un enjeu stratégique. Ce revirement est donc une étape porteuse d’espoir : la France reconnaît enfin la catastrophe environnementale que constituerait l’ouverture de mines au fond de l’océan.

Le gouvernement français doit maintenant s’opposer activement à un code minier. Aidez-nous à maintenir la pression en signant notre pétition."