Dans plus d'une centaine de villes, le 21 juin, le soir même où le gouvernement décidait la dissolution du collectif des Soulèvements de la Terre, de nombreuses personnes se rassemblaient devant les préfectures pour dénoncer ce choix. A Dijon, près de 200 personnes étaient présentes.
Alors que Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur, parle d'"écoterrorisme", ce gouvernement faisait donc une première : la dissolution d'un collectif écologiste. Il s'agit là d'une nouvelle étape dans la criminalisation du mouvement écologiste.
Selon Philippe Descola, anthropologue, "le terrorisme est un mode d'action pour imposer un point de vue, un régime politique, par la terreur. Or rien n'est plus étranger aux modes d'intervention des Soulèvements de la Terre ! Il s'agissait d'un mouvement ouvert, décentralisé, constitué d'associations de défense de l'environnement, de paysans, de naturalistes, de syndicalistes, de mouvements d'éducation populaire, de chercheurs. On y trouvait des personnes de tous âges, de tous horizons, qui sont révoltés par la dévastation de nos milieux, l'accaparement des terres, la bétonisation, les dégâts causés par l'agriculture industrielle, qui aspirent à un monde plus égalitaire et moins exposé à la destruction du vivant, et qui s'élèvent, aussi, contre l'inaction climatique de l'Etat français.
Parler d'écoterrorisme est surtout une façon pour le pouvoir, et les grandes firmes capitalistes, de tenter de se protéger et de détourner l'attention en brandissant un terme stigmatisant qui ne correspond à aucune réalité. Les Soulèvements de la Terre n'était pas un comité secret de l'"ultragauche", qui se réunirait dans des caves, pour mettre à bas l'etat, comme le fantasme Gérald Darmanin. ca en dit long sur l'imaginaire complotiste du ministère de l'intérieur. Cela témoigne, aussi, de la menace que représente le mouvement écologiste pour le modèle social et économique dévastateur qui domine aujourd'hui. L'intensification de la répression le prouve. Sauf qu'on ne peut pas dissoudre l'écologie..."
Un second rassemblement a eu lieu à Dijon le 28 juin, réunissant presque autant de monde, mais aussi à Beaune et à Montbard.
Pour comprendre un peu mieux cette volonté de dissolution de ce mouvement écologique, il est très intéressant de lire l'article de Reporterre.net : "Comment la FNSEA a eu la peau des Soulèvements de la Terre". Cette même FNSEA qui cumule les actions violentes en toute impunité depuis des années.
C’est un paradoxe. Chaque jour, les conséquences du dérèglement climatique et les atteintes à l’environnement sont de plus en plus visibles. Et pourtant, les écologistes qui lancent l’alerte depuis plusieurs décennies n’ont jamais autant été la cible d’actes de répression et de violence.