La
pollution visuelle est l'ensemble des dégradations infligées au paysage. En ville, elle comprend en autre l'ensemble des panneaux publicitaires que le promeneur sera obligé de voir à un moment ou un autre, sauf si il ferme le yeux.
Jeudi dernier, lors du conseil municipal de Dijon, le groupe
Initiatives Dijon (opposition, UMP) avait émis un voeu relatif à la pollution visuelle:
"Alors que de nombreuses municipalités, à l’instar de la Ville de Paris, se dotent d’un règlement local de publicité unifié et tenant compte des préoccupations récentes en matière d’écologie et de protection des paysages, les règlements de la Ville de Dijon ont été adoptés entre 1983 et 1999. Cet ensemble disparate est devenu obsolète.
Ces dernières années, les affichages publicitaires se sont multipliés à Dijon. Ainsi, le territoire de la Ville compte 450 panneaux publicitaires de type 4x3, 180 panneaux « sucettes » et de nombreux abri-bus disposent d’un affichage publicitaire. Les affichages « sauvages » s’accroissent aussi de manière préoccupante.
Ce développement inquiète de nombreux Dijonnais. Certains n’hésitent plus à qualifier ce phénomène de pollution visuelle.
Au-delà de la question esthétique, la multiplication des affichages publicitaires, notamment aux entrées de ville, nuit à l’image de Dijon et à son développement touristique.
De plus, certaines pratiques ont un impact très négatif sur la consommation d’énergie. Un panneau publicitaire fonctionnant à l’électricité 24h/24h consomme, par exemple, autant qu’un ménage sur l’année.
Dans la continuité de l’adoption du Plan Local d’Urbanisme, il apparaît nécessaire d’assurer un meilleur cadre réglementaire de l’affichage publicitaire, pour protéger la qualité du paysage dijonnais.
En conséquence, afin d’introduire de nouvelles règles plus simples et respectueuses des ambitions affichées de Dijon tant sur le plan économique que culturel, touristique et écologique, le Conseil Municipal de Dijon s’engage, par le présent vœu, à revoir l’ensemble de règles applicables à la publicité et à adopter un nouveau règlement local de publicité."
Et ce voeu a fait plus de vagues (ou de publicité...) qu'il n'aurait dû, comme le montre la vidéo:
Un simple voeu invitant à discuter de la place de la publicité dans notre ville. Un voeu relatif à l'engagement qu'avait pris monsieur Dugourd dans le
questionnaire environnementale de 2008. En toute logique, le groupe Europe Ecologie Les Verts a voté
en faveur de ce voeu puisque la publicité est source de problèmes tant écologiques que sociaux. Mais cela n'a pas plu à monsieur Rebsamen, maire de Dijon car il souhaitait que la majorité vote contre comme il l'explique. Les élus
socialistes dijonnais sont donc favorable, sur le principe, à ne rien changer, puisqu'il s'agissait bien d'un simple voeu pour revoir l'ensemble des règles applicables à la publicité, sans donner de délai d'exécution. Alors qu'il était tout à fait possible de voter "pour" tout en attendant la nouvelle réglementation.
Alors que dans différentes villes, comme
à Paris, les majorités socialistes (avec EELV) ont revu le règlement local de publicité pour diminuer l'emprise de la publicité dans leur ville, la majorité dijonnaise semble TOUT faire pour ne RIEN changer, prétextant d'attendre.
Pourtant, le groupe "écologie politique" de la section dijonnaise du parti socialiste se penche régulièrement sur des questions écologiques (source
dijonscope.com). A noter que cet article de dijonscope.com avait été mentionné sur
le blog de monsieur Grandguillaume (secrétaire de la section de Dijon) le 16 septembre 2009. Et le 19 septembre 2009, la question "avez vous déjà eu l'occasion de débattre sur la pollution visuelle dijonnaise? Si oui, quelles en ont été les conclusions? Si non, avez vous programmé de discuter de cette pollution dans l'agenda de cette section?" avait été posée. La réponse du bloggueur: "Nous allons effectivement aborder cette question dans ce groupe." Deux années se sont passées, et rien n'a changé...
Plusieurs points sont à noter: la différence de surface en publicité entre 1999 et maintenant. Ce qu'il serait intéressant de voir, c'est l'évolution de cette surface année par année.
En 2008, la société Clear Channel a remplacé la société JC Decaux pour les abribus et les panneaux sucette. Moins d'abribus avec de la publicité selon monsieur Rebsamen, ce qui est une bonne nouvelle. Mais en ce qui concerne les panneaux sucette, combien y avait il avant? De plus, depuis 2009, des affichages électriques de la même taille que ces panneaux sucettes sont apparus dans différents coins de la ville, et tous sont estampillés "JC Decaux". Lot de consolation? De plus, est-ce que les surfaces mentionnées correspondent à celles sur le domaine public ou comprennent aussi le domaine privé? Quelques grands panneaux de type 4X3 ont bien été enlevés récemment, mais parce qu'ils étaient sur le parcours du tram, alors que d'autres sont "sorti de terre" , comme
janvier 2009 ou en
septembre 2011, et c'est sans parler
des citoyens qui doivent faire
le travail de la police avec les affiches des cirques...
Deux partis politiques se sont affirmés pour diminuer la pollution visuelle à Dijon. Il est maintenant judicieux de penser que lorsque les nouvelles lois sur l'affichage publicitaires seront applicables, le parti socialiste local fera, dans les plus brefs délais, des propositions concrètes et ambitieuses pour diminuer ce type de pollution. Dijon, ville bientôt exemplaire sur la pollution visuelle? Pourquoi pas...