Retoqué l'année dernière, Dijon met le paquet en terme de communication pour obtenir cette année le label "capitale verte européenne". Un site web, et maintenant une exposition photo sur les grilles du square Darcy. Petits décryptages sur les messages de ces photos.
Des photos d'une ville écologique, ça ressemble à quoi ?
Des poules ! Dijon est une ferme ? Non. Le message est "réduire ses déchets". Les poules se nourrissent des épluchures et autres restes alimentaires qui ainsi n'iront pas à l'incinérateur. Super ! Sauf que le seul endroit public sur Dijon où il y a des poules prévues à cet effet, c'est derrière Latitude21, au jardin partagé Mont des Muses. Un enclos à poules qui existe uniquement par la volonté du directeur de Latitude21, les services de la ville de Dijon étant beaucoup trop frileux pour généraliser ce cas. Pourtant de plus en plus de villes offrent des poules à leurs administrés. A quand à Dijon ?
Le vélo, moyen de déplacement écologique de référence.
En 2018, Dijon se positionnait en 2ème position dans le
baromètres des villes cyclables. En 2019, Dijon est descendu à la 4ème position. Récemment
une pétition demandait davantage de pistes cyclables. Lors du déconfinement, de nombreuses villes en ont créé de nouvelles, mais pas à Dijon. Beaucoup de
communication sur le sujet, mais cela fait des années que Dijon prévoit 10% de déplacement à vélo, sans y arriver. Normal quand on ne se donne pas les moyens...
Les écoquartiers. Tout un programme à Dijon, ou plutôt des programmes d'urbanisme tous plus denses les uns que les autres avec le point commun d'absence de concertation citoyenne. A tel point que "Dijon" rime de plus en plus avec "béton" dans la bouche des dijonnais. Il y a même des programmes de construction sur des terres agricoles ! C'est pourquoi des citoyens se rebellent et demandent une ville "verte". L'écoquartier Heudelet devient le symbole d'un échec urbanistique.
La nature et la biodiversité. De nombreux travaux ont été entrepris en ce sens, avec la mise en place de ruchers (comme dans de très nombreuses villes), la possibilité de semer des fleurs devant chez soit ou au pieds des arbres (encouragé par la ville), des animations de sensibilisation, des jardins au label "écojardin",...
Bouger, se déplacer. Ces dernières années, plusieurs rues du centre ville sont devenues piétonnes, pour le bonheur autant des promeneurs que des commerçants. Malheureusement, se déplacer dans l'hyper centre est un vrai calvaire en cas de fortes chaleurs. Deux pétitions, en 2018 et en 2020 demandent plus de verdure. Les dijonnais n'en peuvent plus du tout minéral lors de leur déplacement.
Préserver l'eau. Une usine de retraitement des eaux usées performante (mais...), le prêt de collecteurs d'eau, une incitation à boire l'eau du robinet, une eau de bonne qualité. L'eau est un sujet important, d'autant plus qu'elle devient rare et devient source de conflit avec des villes voisines. Quand aux toilettes sèches, idéal pour économiser l'eau, leur généralisation est extrêmement lente.
Des jardins partagés. Leur nombre est clairement insuffisant, alors qu'ils pourraient participer à tendre vers l'autonomie alimentaire de la ville. Suite à des années de lutte citoyenne, le jardin des Lentillères a été conservé. Mais il faut batailler pour sauver des terres, certaines étant promises à destruction malgré les discours...
Les composteurs collectif. Depuis des années la métropole fourni des composteurs à ceux qui le souhaitent. Initié en 2013, les composteurs collectifs se développent, d'autant plus qu'ils sont plébiscité par les dijonnais, avec l'aide précieuse de l'association Arborescence. Mais leur développement est beaucoup trop lent, dû principalement à la frilosité de la ville.
ONDijon. Le summum du greenwashing ! La ville de Dijon s'est lancée tête baissée dans les "smartcity", ces villes ultra-connectées. Sous prétexte de pouvoir gérer l'éclairage public partout en temps réel (et donc faire un peu de sobriété énergétique) par exemple, ses concepteurs avancent avec l'étendard écolo. Mais quel est l'impact global de ONDijon ? Aucune étude environnemental de l'impact global de ce projet ne semble avoir été réalisée. L'impact du "tout numérique" est maintenant connu pour être extrêmement polluant (consommation d'énergie et pollutions dans la fabrication du matériel, consommation d'électricité dans l'utilisation, obsolescence programmée et pollution avec les déchets).
D'autres photos sont à découvrir sur les grilles du jardin Darcy.
Alors, Dijon, ville écolo ? Malgré certaines avancées, la réponse est clairement non. L'impact environnemental de la ville demeure encore beaucoup trop important pour cela. Rien que la présence de centaines de panneaux publicitaires Clear Channel incitant à la surconsommation oblige la ville à revoir sa copie. Pas de ville "écolo" avec des panneaux publicitaires dans les rues, c'est clair !