Voici le message envoyé à notre ministre :
Madame la Ministre de l'environnement,
Hier, 6 janvier, vous veniez d'engager le chantier de la démocratie participative en matière d’environnement.
Nous avions prévu de vous adresser une lettre ouverte à cette occasion.
Mais aujourd'hui, 7 janvier : tuerie à Charlie-Hebdo. Panne de mots.
Aussi, en guise de lettre ouverte argumentée, nous n'avonsi plus qu' une chose simple à vous demander. Juste un petit geste.
Simple : approuvez le texte de la charte ci-dessous : Charte et principes d’OPTIMISATION des Ressources Locales applicable aux végétaux comestibles.
Nous n'avons pas l'intention de vous en démontrer le bien-fondé, d'aligner des chiffres, de vous restituer tous les rapports écrits sur le sujet y compris par votre Ministère, de vous raconter ce que nous observons sur le terrain depuis plusieurs années.
Nous nous contenterons de rappeller Jean Ziegler, rapporteur spécial de l'ONU pour le droit à l'alimentation jusqu'en 2008 : " il n'y a pas de manque objectif de nourriture : il y a un manque d'accès à la nourriture. C'est pour cela que je dit qu'avec les moyens dont nous disposons, un enfant qui meurt de faim est un enfant assassiné". A qui nous dédions cette charte de terrain.
Et de noter qu'après une année 2014 consacrée à la lutte nationale contre le gaspillage alimentaire, le Plan National pour l'Alimentation de notre Ministère de l'agriculture : justice sociale/éducation alimentaire de la jeunesse/lutte conte le gaspillage alimentaire/ancrage territorial et mise en valeur du patrimoine alimentaire, a prévu dans son appel à projet un budget de 600 000 euros à répartir sur les 22 régions de la métropole et les DOM-TOM (ouvert à l'ensemble des organismes publics ou privés à but non lucratif oeuvrant dans le domaine de l'alimentation au sens large).
C'est dérisoire.
En france, chaque année, toutes sources confondues, production, distribution, restauration, ménages, ce sont des dizaines de millions de tonnes consommables qui sont jetées.
J'imagine le dessin de Cabu... Faisons le calcul, ne serait-ce qu'à une valeur résiduelle de 10cts/kilo : le résultat est en milliards d'euros. Multiplié par les prix distributeurs cela donne une idée du montant effarant du coût de ce gaspillage. Ensuite il conviendrait de poursuivre l'addition bien au delà avec les coûts externes en prenant la problématique dans toute sa transversalité : eau, énergie, santé, terres exploitables...
Dès notre création, nous avons adopté une approche de terrain spécifique, intégrant des ressources qui sont très peu prises en compte dans toutes les études parues et privilégiant les composantes environnementale et sociale. C'est notre participation, notre petite pierre, notre côté "garde-champêtre-confiturier".
Aussi, vous voudrez bien trouver ci-après le texte que nous vous demandons d'approuver.
En l'occurrence, cette charte est destinée à être soutenue par toute personne qui considère qu'il n'y a pas tant à faire plus, qu'à faire mieux autrement. Un petit pas parmi d'autres.
Il existe partout des gens qui s'apprêtent aux changements, là où ils se trouvent, prêts à faire beaucoup avec peu, prêts à une nécessaire redistribution des énergies, prêts à refuser l'indifférence et la misère qui font le lit de la barbarie où qu'elles soient, d'où qu'elles viennent. Parmi eux, s'y trouvent surement des Cabu(es) pour demain. Souhaitons le.
Dans l'attente de votre approbation, veuillez recevoir madame la Ministre l'expression de nos respectueuses salutations.
Association Relais-Planete-Solidaire/Fruimalin
La charte:
Charte et principes d’OPTIMISATION des Ressources Locales Végétaux comestibles
Préservation des ressources
Identification de toutes les variétés de fruits, légumes et végétaux comestibles, sauvages ou produites localement, tout au long de l’année.
Récupération, à tout moment de l’année, dans le parfait respect de la propriété privée et du renouvellement naturel, des fruits, légumes, tout ou partie, et végétaux comestibles localement laissés pour compte : non cueillis, non récoltés, non ramassés, comprenant les défauts d’aspect, de maturité, les espèces négligées.
Possibilité de recourir aux ressources issues de surproduction, de mévente et écarts de tri.
Interdiction de collecter abusivement ou inutilement.
Les ressources découlent de dons ou d’autorisations de particuliers, associations, collectivités, professionnels, ou sont naturellement accessibles mais non-menacées ou protégées.
Les collectes privilégient les ressources existantes ou produites localement et s’exercent en dehors des grossistes et des grandes surfaces de distribution.
Entraide/redistribution sociale/lien
Redistribution gratuite à l’issue des collectes, des fruits ou légumes frais, à l’exclusion des sauvages, à toutes personnes impliquées dans la collecte : donateurs ou cueilleurs volontaires, dans la limite d’une consommation familiale.
Mise en œuvre, dans le respect des règles sanitaires, de toutes méthodes de tri, de conservation et de toutes méthodes de transformation permettant une valorisation optimale des ressources collectées.
Redistribution gratuite aux circuits sociaux, des plus beaux fruits ou légumes frais en excédent après satisfaction des deux points précédents ou délibérément collectés à cette fin.
Ces principes visant, à l’issue des collectes, à un pourcentage de perte évitable idéalement nul.
Pour les dons de fruits ou légumes déjà cueillis et en état sanitaire correct : le cas échéant sur demande, soit établissement d’un reçu fiscal, soit versement d’une contrepartie maximale équivalente au 1/4 des cours producteurs officiels en vigueur.
Proximité/traçabilité
Tous les donateurs sont clairement identifiés. Tous les arbres, arbustes, végétaux sont clairement localisés.
Ceci vise en particulier à apprécier les traitements subis par les ressources.
Collectes, distributions et transformations sont réalisées prioritairement selon des logistiques courtes : circuits et savoir-faire locaux, artisanaux voire traditionnels.
Sensibilisation/responsabilisation/obligations
A minima, réalisation d’activités « Relais » combinant collectes et/ou sensibilisation et/ou valorisation, permettant une dynamique d’échanges susceptible d’infléchir les comportements alimentaires, corriger la notion de gaspillage alimentaire et inciter au maintien et au respect de la biodiversité nourricière.
Toute personne physique ou morale, peut dès lors adhérer aux principes de cette charte, sans autre obligation que d’en approuver la logique et les relayer tout ou partie dans ses pratiques et autour d’elle.
OBJECTIF
Multiplier les initiatives partagées d’optimisation des ressources locales existantes dans le respect de leur préservation et de leur renouvellement.
Néanmoins, cette charte trouve toute sa pertinence dans le cadre de la création et du fonctionnement d’unités, rémunératrices et non délocalisables : « Fruimalin Village » permettant un revenu d’appoint, ou : « Fruimalin Pays » permettant un salaire, par la vente des produits transformés selon les règles légales, ventes diversifiées, informatives et argumentées visant à infléchir les comportements alimentaires, corriger la notion de gaspillage alimentaire et inciter au maintien et au respect de la biodiversité vivrière de proximité, en particulier dans le cas d’arbustes et haies refuge, de vergers anciens, d’espèces oubliées ou anciennes.
Ces deux mentions sont attribuées exclusivement par l’association Relais-Planète-Solidaire qui dans ces deux cas s’oblige à respecter, faire respecter et développer les principes de cette charte et apporter formations et soutien à la création d’unités et aux unités créées selon les clefs opérationnelles et méthodologiques éprouvées pour Fruimalin.
Charte sous dépôt légal. Original enregistré en 2010 et réactualisé en avril 2014. Auteur : Thierry Deiller. Toute reproduction même partielle ou citation doit être obligatoirement accompagnée de la mention : « Charte ORL Fruimalin »