"Lettre ouverte à
Anne-Catherine Loisier, sénatrice UDI
Alain Houpert, sénateur Les Républicains
François Patriat, sénateur Socialiste
Madame la sénatrice, messieurs les sénateurs
Les adhérents de l'association Les Amis de la Terre Côte-d'Or sont très attachés au respect des droits humains et de l'environnement par tous les acteurs, y compris les entreprises, partout dans le monde. Nous souhaitons ainsi que les entreprises multinationales françaises s’assurent du respect des droits humains par leurs filiales, sous-traitants et fournisseurs. C’est dans ce sens que nous vous écrivons au sujet de la Proposition de loi relative au devoir de vigilance des sociétés-mères et des entreprises donneuses d’ordre, adoptée en première lecture par l'Assemblée nationale, le 30 mars dernier. Ce texte sera examiné par le Sénat le 21 octobre prochain, après son passage en Commission des lois le 14 octobre 2015.
En consacrant une obligation de vigilance des très grands groupes vis-à-vis des sociétés qu’ils contrôlent et de leurs sous-traitants, la France s’engage dans un combat pionnier visant la responsabilisation d’acteurs économiques qui impactent la vie de toutes et tous les citoyens, en insistant sur la prévention des risques. Elle permettra en outre de protéger une partie du tissu économique français qui agit déjà conformément à des principes de responsabilité.
Avec une telle loi, la France ne fait que se mettre en conformité avec ses engagements internationaux (tels que les Principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’Homme). Cette initiative s’inscrit plus largement dans l’esprit des discussions qui viennent de s’engager au Conseil des droits de l’Homme des Nations unies autour d’un traité contraignant sur les entreprises et droits humains. De même, d’autres pays européens travaillent à des propositions législatives similaires.
Cette proposition de loi dispose d'un important soutien citoyen. La pétition lancée par plusieurs organisations, dont les nôtres, a recueilli près de 190 000 signatures. Et selon un sondage CSA, une large majorité des français estime que les multinationales doivent être plus vigilantes et tenues responsables juridiquement des catastrophes humaines et environnementales provoquées par leurs filiales et sous- traitants.
Comme trois français sur quatre, il nous semble essentiel qu’un tel texte puisse voire le jour afin de protéger les droits des populations et l’environnement en France et dans le monde alors que les catastrophes du Rana Plaza ou de l’Erika sont encore dans les esprits. Afin d’atteindre pleinement cet objectif, cette loi devrait en outre être renforcée sur certains aspects. Entre autres, il serait nécessaire d’élargir le champ des entreprises concernées (aujourd’hui, 5 000 salariés en France et 10 000 en France et à l’étranger) sans quoi cette loi serait sans effet sur de nombreuses entreprises de secteurs à risques (extractif par exemple).
Nous vous demandons donc madame la sénatrice et messieurs les sénateurs de soutenir ce texte qui protège l’intérêt général, et d’en renforcer la portée."
Cette proposition de loi est soutenue par Les Amis de la Terre France, CCFD - Terre solidaire, Collectif Ethique sur l’Etiquette, Sherpa, Amnesty International France.