"Jean-Marc JANCOVICI est un expert du changement climatique et de la crise énergétique. Dans cette conférence sur la nécessaire transition énergétique, Jean-Marc JANCOVICI explique, avec audace et sans langue de bois, les composantes d’une double problématique : l’énergie et le climat à l'échelle mondiale et, au niveau local, l’évolution sociétale et les choix énergétiques." Telle était la présentation de la soirée qui a eu lieu jeudi soir.
"Cette édition 2012 de la Fête de la science a notamment commencée le 11 octobre au palais des congrès par un exposé suivi de questions réponses sans débat, qui nous paraît réclamer une communication dans les médias : l'exposé de Monsieur Jean-Marc Jancovici, expert en énergie et climat est remarquable pour cerner la crise énergétique mais très contestable lorsqu'il en fait un support de promotion de l'énergie nucléaire, en masquant les incertitudes majeures sur les coûts financiers et carbonés de la filière nucléaire, et en minimisant les risques environnementaux et sociétaux qu'elle génère.
Certes l'évènement était initié par EDF et la société française d'énergie nucléaire, mais avec l'expérience acquise par le monde scientifique, un exposé plus neutre et équilibré aurait été digne de l'approche scientifique promue par la fête de la science. Les critiques à l'égard des médias étaient récurrentes durant l'exposé et le question-réponse, de même envers les associations dites écologistes, jugées très présentes dans les médias, voire sur-médiatisées. Personne n'aura relevé qu'EDF et AREVA ont un budget annuel publicitaire au montant incomparablement plus élevé que celui des quelques structures citoyennes ! associations qui essayent de s'investir dans un domaine ou le secret industriel et défense est de rigueur, générant nombres d'inconnues, tant sur le vrai coût de l'électricité et que sur les risques environnementaux.
Enfin, point particulièrement regrettable à une époque où le développement durable est de plus en plus évoqué, les énergies renouvelables ont été presque disqualifiées dans le discours économique de l'intervenant. Le surcroît d'emplois de ces énergies dont les production peuvent mailler le territoire, en regard des emplois liées aux production centralisées du nucléaire, n'a pas été évoqué ; les bénéfices pour l'industrie et l'artisanat bourguignons de ces énergies renouvelables n'ont pas été abordés, hors nombre d'entrepreneurs du MEDEF présents auraient pu être sensibilités ou confortés pour développer des énergies renouvelables régionales."
Et quelles "perles" relevées par un militant anti-nucléaire à propos d'
un article du site internet de monsieur Jancovici, avec un petit commentaire:
- « rappelons que le pétrole est tout aussi gratuit que le vent »
Affirmer cela c’est ignorer les générations futures, c’est ignorer le caractère non-renouvelable du pétrole.
- « le nucléaire produit des accidents, rares et de moins d'effet sur les hommes qu'on le pense, mais néanmoins spectaculaires et pouvant être très coûteux, des déchets, un poil de réchauffement de rivière le cas échéant, éventuellement des accidents de mine et de la pollution locale au lieu d'extraction du minerai, mais évidemment en quantité bien moindre que pour le charbon, »
Résumer ainsi la dangerosité du nucléaire est indécent.
- « En effet, quand on passe d'un dispositif qui produit 100 toute l'année (le nucléaire) à un dispositif qui produit 500 pendant 20% du temps - pour avoir la même quantité d'électricité à l'arrivée - il faut alors disposer d'un "tuyau" - le réseau électrique - qui soit capable, en première approximation, de transporter 5 fois plus d'électricité quand le dispositif intermittent fonctionne à pleine puissance. Toutes choses égales par ailleurs il couterait donc 5 fois plus cher (en fait c'est un peu plus compliqué que cela mais on comprend l'esprit). »
Simplifier de cette façon là est honteux, c’est ignorer les foisonnements, c’est ignorer les complémentarités entre EnR ; c’est ignorer la nécessité du transport sur de très longues distances pour le nucléaire, c’est ignorer l’intérêt de produire localement.
- « il faut "faire quelque chose" pour pallier l'intermittence induite. A 15% d'éolien dans la production totale, l'Espagne a eu besoin de mettre en face des centrales à gaz pour une production totale double de celle venant des éoliennes, ce qui demande d'importer du gaz et oblige à émettre du CO2. »
Lier installations de centrales à gaz au développement de l’éolien est malhonnête (même s’il y avait un début de vérité, on n’installerait pas deux fois plus de centrales à gaz).
Parler d’intermittence c’est ignorer le caractère prévisible des productions électriques éoliennes et photovoltaïques. Et ignorer que ces variations sont lentes.
On aimerait des arguments similaires contre le nucléaire et le chauffage électrique (intimement liés).
- « développement de l'éolien et du photovoltaïque dans l'Hexagone, qui ne concernerait "que" 12% de l'électricité dans le cas ci-dessus, coûte au moins 95 milliards d'euros pour ne rien faire gagner sur le CO2, ni sur les importations d'énergie »
Avec 95 milliards € on produit bien plus que 12% de notre électricité (au moins le double), et on gagne en CO2 et en importations d’énergie !
- « les importations d'uranium coutent environ 1 milliard d'euros par an, mais les exportations d'électricité nucléaire rapportent plusieurs milliards, donc globalement le nucléaire remplit nos caisses et non les vide »
On exporte notre électricité nucléaire à bas prix et on doit importer (chauffage électrique oblige) à des prix extrêmement élevés !
- « les éoliennes et les panneaux solaires sont importés pour une très large part, et enfin qu'il ne fait probablement rien gagner sur les emplois globaux du pays (car quand on augmente les emplois dans la filière énergétique, on augmente le prix de l'énergie - la machine économique ne paye que des hommes - et donc on supprime d'autres emplois "ailleurs", le solde étant probablement à peu près nul »
Non les éoliennes ne sont pas importées (elles sont assemblées par des ensembliers qui se fournissent entre autres auprès de PME françaises).
Les EnR rétribuent des emplois locaux (et créent des richesses locales) au contraire des énergies fossiles qui financent des importations couteuses (60 milliards d’euros l’an dernier).
De même JMJ n’a pas d’analyse critique sur le coût du loyer de l’argent qui favorise le nucléaire, car bénéficiant d’une garantie de l’Etat, au détriment des EnR."