Mi octobre, l'émission "Culture Catho" de RCF Dijon portait sur LAUDATE DEUM, Laudate Deum (en français : « Louez Dieu ») est l'exhortation apostolique du pape François publiée le 4 octobre 2023 et qui s'inscrit dans la suite de l'encyclique Laudato si', consacrée aux questions environnementales et sociales.
Le texte est publié à quelques semaines de l'ouverture de la Conférence de Dubaï de 2023 sur les changements climatiques (COP 28), le 30 novembre 2023. Très inquiet par la tournure que prend le changement climatique sous l'effet de l'avancée du paradigme technocratique « qui s’alimente lui-même de façon monstrueuse », et préoccupé par le peu d'efficacité des politiques internationales qu'il qualifie de « vieille diplomatie », le pape exhorte les dirigeants à prendre leurs responsabilités : « on ne peut qu’attendre des formes contraignantes de transition énergétique qui présentent trois caractéristiques : efficaces, contraignantes et facilement contrôlables »
Quelques extraits :
2. Huit années se sont écoulées depuis que j’ai publié la Lettre encyclique Laudato si’,
voulant partager avec vous tous, frères et sœurs de notre planète
éprouvée, mes profondes préoccupations concernant la sauvegarde de la
Maison commune. Mais je me rends compte au fil du temps que nos
réactions sont insuffisantes alors que le monde qui nous accueille
s’effrite et s’approche peut-être d’un point de rupture. Quoi qu’il en
soit de cette éventualité, il ne fait aucun doute que l’impact du
changement climatique sera de plus en plus préjudiciable à la vie et aux
familles de nombreuses personnes. Nous en ressentirons les effets dans
les domaines de la santé, de l’emploi, de l’accès aux ressources, du
logement, des migrations forcées, etc.
13. Il n’est pas possible de dissimuler la coïncidence entre ces
phénomènes climatiques mondiaux et la croissance accélérée des émissions
de gaz à effet de serre, en particulier depuis le milieu du XXème
siècle. Cette corrélation est défendue par une écrasante majorité de
spécialistes du climat, et seul un infime pourcentage d’entre eux tente
de nier cette évidence. Malheureusement, la crise climatique n’est pas
vraiment un sujet d’intérêt pour les grandes puissances économiques,
soucieuses du plus grand profit au moindre coût et dans les plus brefs
délais possibles.
22. Les ressources naturelles nécessaires à la technologie, comme le
lithium, le silicium et bien d’autres, ne sont certes pas illimitées,
mais le plus grand problème est l’idéologie qui sous-tend une obsession :
accroître au-delà de l’imaginable le pouvoir de l’homme, face auquel la
réalité non humaine est une simple ressource à son service. Tout ce qui
existe cesse d’être un don qu’il faut apprécier, valoriser et protéger,
et devient l’esclave, la victime de tous les caprices de l’esprit
humain et de ses capacités.
47. La COP21 de Paris (2015) a été un autre moment important car elle a
débouché sur un accord impliquant tout le monde. Elle peut être
considérée comme un nouveau départ étant donné que les objectifs fixés
lors de l'étape précédente n'ont pas été atteints. L’accord est entré en
vigueur le 4 novembre 2016. Bien qu’il s'agisse d’un accord
contraignant, toutes les exigences ne sont pas des obligations au sens
strict et certaines d’entre elles laissent une grande marge de manœuvre.
En outre, pour les obligations qui ne sont pas respectées, aucune
sanction n’est strictement prévue et il n’y a pas d’instruments
efficaces pour en garantir l’observation. L’accord prévoit également des
formes de flexibilité pour les pays en voie de développement.
57. Je considère qu’il est impératif d’insister sur le fait que «
chercher seulement un remède technique à chaque problème environnemental
qui surgit, c’est isoler des choses qui sont entrelacées dans la
réalité, et c’est se cacher les vraies et plus profondes questions du
système mondial ». [34]
Il est vrai que des efforts d’adaptation sont nécessaires face aux maux
qui sont irréversibles à court terme. Certaines interventions et
avancées technologiques, qui permettent d’absorber ou de capturer les
gaz émis, sont positives. Mais nous courons le risque de rester enfermés
dans la logique du colmatage, du bricolage, du raboutage au fil de fer,
alors qu’un processus de détérioration que nous continuons à alimenter
se déroule par-dessous. Supposer que tout problème futur pourra être
résolu par de nouvelles interventions techniques est un pragmatisme
homicide, comme un effet boule de neige.
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