samedi 9 novembre 2019

Le business du déchet plastique

Sous le titre "RECYCLAGE : Consigne plastique, la double peine pour les consommateurs ?", le site infos-dijon.com revient sur la consigne des bouteilles plastiques. Les collectivités sont contre et les sénateurs l'ont muselée. Un article qui donne des chiffres et des explications sur le business du recyclage et montre bien que ni les industriels ni les collectivités ne se penchent sur la bonne solution.

Extraits de l'article: "Impulsée par la secrétaire d’État Brune Poirson dans la loi «Économie circulaire», l'instauration d'une consigne pour les bouteilles plastiques fait débat. Les collectivités sont contre et les sénateurs l'ont muselée. Décryptage avec Jean-Patrick Masson et Anne-Catherine Loisier. «La consigne, c'est plutôt sympa» admet d'emblée Jean-Patrick Masson mais il s'empresse de préciser «la consigne pour réemploi». Jean-Patrick Masson est élu écologiste indépendant à Dijon métropole et président du Cercle national du Recyclage. Interrogé par Infos-Dijon, il livre son analyse sur le débat en cours concernant l'instauration d'une consigne portant sur la récupération des bouteilles plastiques usagées.

Cette consigne actualisée est inscrite dans la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire portée par Brune Poirson, secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire. La loi a été approuvée en première lecture au Sénat le 27 septembre 2019 après une bataille autour de cette nouvelle consigne, une bataille décryptée pour Infos-Dijon par la sénatrice UDI de la Côte-d'Or Anne-Catherine Loisier.

Brune Poirson met en avant les 200 millions de bouteilles d'eau qui se retrouvent chaque année dans la nature et les plus de 40% de bouteilles et canettes qui partent à l'incinération plutôt qu'au recyclage. L'objectif est de capter une part de ce qui constitue un véritable «gisement» de matière plastique perdu au lieu d'être exploitée. Aimant prendre l'exemple de l'Allemagne, Brune Poirson rappelle régulièrement que la consigne aurait diminué outre-Rhin le développement du plastique à usage unique.

Actuellement, les bouteilles des produits consommés à domicile sont jetées dans la poubelle à couvercle jaune. Les déchets sont convoyés par la collectivité jusqu'à un centre de tri où chaque type de matière est séparé (retrouver notre reportage au centre de tri de Dijon métropole mis en œuvre par Suez). Les matières sont vendues pour recyclage ce qui constituent des recettes pour le budget de la collectivité.

Le principe qui est porté par le gouvernement est de déployer un second système de collecte des bouteilles usagées en plastique, cette «consigne plastique pour recyclage». Les consommateurs paieraient au vendeur du produit neuf une «caution» oscillant entre dix et vingt centimes d'euros. Des automates de consigne seraient installés dans des supermarchés où les consommateurs apporteraient les bouteilles usagées pour récupérer leur caution. La bouteille serait alors broyée sur place et le plastique vendu pour recyclage par les industriels du secteur de la boisson.

Une approche qui fait bondir Jean-Patrick Masson pour qui la consigne des bouteilles plastiques serait «un vrai problème». Selon l'élu de Dijon métropole chargé de superviser le service public de la collecte des ordures ménagères en partie financé par les contribuables, cette collecte est relativement bien optimisée aujourd'hui. En revanche, il se montre très critique à l'égard d'un système de collecte concurrent alors que «les collectivités et les industriels [du recyclage] ont fait des investissements».

La perte fiscal (Un million d'euros de perte à venir pour Dijon métropole) ne serait pas le seul problème concernant le contribuable-consommateur. Jean-Patrick Masson se fait le relais des associations de consommateurs en évoquant les 10% restant au cas où on arrive effectivement à atteindre un taux de collecte de 90%. Selon ces associations, 10% du gisement représenterait 200 millions d'euros de cautions qui ne seraient pas restituées aux consommateurs si la consigne était instaurée, «autrement dit, il y a quand même un hold-up de 200 millions d'euros sur les consommateurs qui ne rapporteront pas leurs bouteilles consignées».

De plus, le délai entre la vente du produit et le retour de la bouteille plastique consignée correspond à un temps de trésorerie gratuite pour l'industriel qui a engrangé les dix ou vingt centimes de caution. Selon Jean-Patrick Masson, le temps de vie moyen d'un tel contenant est de deux semaines. Donc, pendant deux semaines, chaque consommateur contribuerait à la trésorerie du vendeur."

Un article complété par un autre sur "Le parcours d'une bouteille plastique dans un centre de tri".

Un déchet, ça vaut parfois de l'or. Cet article permet de comprendre qu'acheter de l'eau en bouteille c'est intéressant soit pour les industriels du plastique, soit pour la collectivité comme Dijon, ça leur rapporte de l'argent. Et le bon vieux adage "Un bon déchet est un déchet qui n'existe pas" dans tout ça ? Sérieusement le bonne question n'est pas de savoir si il doit y avoir une consigne ou non sur ces déchets plastique, ou bien qui doit les collecter, mais de se poser la question dans combien de temps on arrête de produire et donc d'utiliser tous ces emballages ! Et la réponse est MAINTENANT !

L'association ZeroWaste France explique la problématique:
"Malgré la prise de conscience citoyenne autour de la pollution plastique, la production et la consommation de matière plastique continue d’augmenter à un rythme exponentiel. Très concrètement, cela signifie que chaque année, nous produisons plus de plastique que l’année précédente. La consommation de plastique au niveau mondial a ainsi plus que doublé depuis les années 2000. Et selon les prévisions du secteur, cette production pourrait encore quadrupler d’ici 2050 !

Cette augmentation continue accroît la pression sur les écosystèmes, notamment marins. L’Europe déverse ainsi entre 150 000 tonnes et 500 000 tonnes de déchets plastiques dans la mer chaque année. La production de matière plastique (fabriquée à partir de pétrole, de gaz de schiste et de charbon) contribue également au réchauffement climatique. La production et l’incinération du plastique est responsable de l’émission de 400 millions de tonnes de CO2 dans le monde chaque année."
Notre campagne : Halte au plastique à usage unique !

Zero Waste France mène une campagne à multiples volets pour réduire la production et la consommation de plastique à l’échelle nationale. Nos objectifs :
* Obtenir ou renforcer l’interdiction de plusieurs produits plastiques à usage unique ;
* Soutenir les alternatives : notamment la vente en vrac et la consigne pour réutilisation des emballages ;
* Inciter les collectivités locales à supprimer le plastique à usage unique dans les territoires ;
(télécharger le document "Plastique jetable: les communes peuvent agir")

1 commentaire:

soleil vert a dit…

Bon alors, clairement, pour une fois, le Gvt a une bonne initiative ! J'en ai marre de ramasser des dizaines de bouteilles plastique par semaine et en plus, sans rien gagner ! Dans ce cas, le retour des bouteilles moyennant le prix de la consigne (comme en Allemagne, il me semble) serait une excellente idée, non seulement pour les pékins comme moi, mais aussi pour les gamins qui se feraient de l'argent, en plus d'une conscience écologique. JP Masson est un dinosaure, qui mise sur l'incinération du plastique (il y en a pourtant suffisamment ailleurs !) et semble s'approprier les plastique des bouteilles pour sa chaufferie. D'ailleurs j'espère qu'il n'y a pas escroquerie dans le "tri" des bouteilles plastiques que l'on met à la poubelles jaunes, sont-elles vraiment recyclées, ou ...cramées ?