dimanche 10 octobre 2010

Le danger de l'addiction aux déchets se précise

Le conseil du Grand Dijon de jeudi dernier donne diverses informations au sujet du réseau de chaleur en construction à Dijon et soulève des inquiétudes fondées.

Brièvement, la polémique est la suivante: selon messieurs Masson et Rebsamen, l'incinérateur produit de la chaleur qu'il est possible de récupérer pour chauffer de l'eau. Cette eau sera injectée dans un réseau de chaleur pour chauffer divers bâtiments.

A priori, l'idée parait judicieuse. Mais ce système est pervers. En effet, comme le souligne madame Hervieu, utiliser l'incinérateur comme source de chauffage sous-entend de ne pas diminuer les déchets qui lui servent de carburant. En résumé, plus il y a des déchets, plus ça chauffe, moins il y a de déchets, moins le système est performant. Et comme l'annonce monsieur Masson, prendre ce choix, c'est le choisir pour 25 ans!
On comprend bien que ceci est antinomique avec l'objectif de réduction des déchets. On notera à ce propos la remarque de monsieur Rebsamen qui dit que le Grand Dijon agit pour la réduction des déchets, mais ne donne pour exemple que le tri sélectif.
Le Grand Dijon agit en fait de façon minimale (un rare exemple: prêts de composteurs). En réalité, le Grand Dijon semble bien content de nos déchets, surtout quand ceux-ci sont bien triés. Alors qu'il ne faut JAMAIS perdre de vu qu'un bon déchet est un déchet qui n'existe pas! Et ce message n'est JAMAIS diffusé par le Grand Dijon, comme on peut encore le voir dans son dernier bulletin. Son seul message est "zéro déchet non valorisé". La différence peut paraître subtile, mais elle est de taille sur le concept de base de gestion des déchets.

A tel point que des Dijonnais ont dû eux-même créer des autocollants "stop-pub" pour diminuer les prospectus. Les possibilités de réductions sont très nombreuses, par exemples que ce soit dans les cantines ou pour une valorisation comme méthanisation ou de compostage (ou lombricompostage; action qui n'a pas été soutenue par le Grand Dijon). Brûler des déchets alimentaires remplis d'eau est une abberation!

Au niveau CO2, les émissions induites par le traitement des déchets sur le territoire est de 145 000 tonnes de CO2. Selon le rapport du bilan carbone de l'agglomération, le réseau de chaleur permettra de diminuer les émissions de CO2 de 20000 tonnes. Un bon calcul? Pas sur quand on voit que la collecte nécessite de faire 781 397 km aux camions poubelles et que monsieur Rebsamen verrait bien cette collecte se répandre vers le sud de la Côte d'Or.

Mais cette polémique cache aussi d'autres éléments. Par exemple, l'incinérateur fourni déjà de l'électricité via un turbo-alternateur. "Pour mener à bien son projet, en association avec Thermodyn, le Grand Dijon a investi 10 millions d'euros. Un investissement qui sera rentabilisé en quatre ans. (...) Comme le contrat liant le Grand Dijon à EDF court sur 15 ans, l'opération est donc parfaitement rentable." (source: Le Journal du palais)
Production d'électricité et production d'eau chaude, l'aspect financier pourrait bien passer devant le véritable enjeux: la réduction de nos déchets!
à suivre...

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Vous avez raison de souligner qu'il faut d'abord réduire les déchets partant à l'incinérateur... Dire que ce projet de chauffage urbain est incompatible avec la prévention me paraît en revanche faux. Si il y a moins de déchets, il faudra en effet ajouter un four à biomasse pour alimenter le réseau de chaleur, mais on ne va quand même pas se plaindre de l'installation d'un chauffage urbain ! Je sais qu'il y a du rififi entre les verts et Masson, mais quand même !

dijon-ecolo a dit…

Il semble qu'il y a une chaufferie bois de prévue au nord de Dijon et une autre sur le campus. Ces fours à biomasse sont intéressant, tout comme le réseau de chaleur. Pour en savoir plus, lire le rapport "les réseaux de chaleur". On notera que ce document favorise l'utilisation des incinérateurs, pour des raisons financières. La question de réduction des déchets est hors sujet dans ce rapport. Pourtant, c'est lié.

Anonyme a dit…

Pour les composteurs, cela fait un an que j'en ai demandé un.

"On vous écrira"

J'attends toujours