« Tout beau, tout bio ? », tel était l’intitulé de la semaine de l’entreprenariat à l’Ecole Supérieure de Commerce (ESC) de Dijon, entre le 9 et 13 janvier dernier. Une thématique sur laquelle il est intéressant de se pencher, et qui interroge : peut-on concilier parfaitement business et éthique?
« Le bio, c’est en plein boom et porteur d’avenir » , explique la coorganisatrice de la semaine de l’entreprenariat et élève à l’ESC, pour justifier le choix de cette thématique. Mais être dans l’ère du temps, est-ce un motif suffisamment légitime ? Destiné aux étudiants en première année, cet évènement a pour objectif de créer un espace d’échanges avec des entrepreneurs du bio. Les élèves ont aussi, en petits groupes, la tâche de réaliser de courtes vidéos sur une entreprise locale qui incarne le mieux à leurs yeux les valeurs de l’entrepreneuriat responsable et solidaire.
« Continuer de consommer comme on le fait »
Au programme, entre autres : une intervention des fondateurs de ventes-responsables.com. Ce site internet de ventes privées et boutique en ligne vise à « démocratiser le bio », selon ses créateurs, Kilian O’Neill et Geoffroy De Joigny. En effet, ils y offrent des produits à des prix défiant toute concurrence. « Nous voulons que les consommateurs continuent de consommer comme ils le font, mais en bio », affirme Monsieur De Joigny. Cela se remarque tout de suite sur leur site, très branché marketing, aux couleurs roses flashy, avec des réductions qui défilent à tout va. Du tout bio, certes … Mais est-ce l’approche qu’ils veulent transmettre aux 257 étudiants en première année de l’ESC ? Consommer de la même manière, c'est-à-dire sans limites (à l’aide d’un simple « clic »), mais avec bonne conscience car c’est du « bio » (même s’il vient de Chine) ? C’est sûr, c’est rentable. Mais est-ce toujours éthique et responsable ? Nous sommes ici bien loin d’une approche de sobriété.
Se développer sans renier ses valeurs
Avant cette intervention, Anne Montmory, gérante de la coopérative d’activité et d’emploi L’Envol, souligne aux élèves de l’ESC cette contradiction entre le monde du bio et celui du business : « il est difficile de concilier l’état d’esprit des agriculteurs biologiques avec la rentabilité et le marketing ». Selon elle, tel est le défi d’une entreprise bio : se développer sans renier ses valeurs. En effet, les producteurs sont réticents à l’idée de passer par les circuits de consommation traditionnels comme les supermarchés. Certes, il est difficile de faire changer les habitudes des consommateurs. Mais c’est bien là que se trouve le défi : « construire des circuits de distribution alternatifs et parvenir à y faire venir le consommateur » , comme l’explique Anne Montmory. Les AMAP en est un exemple qui fonctionne très bien, à Dijon comme ailleurs.
Curieusement, la majorité des questions des élèves étaient adressées aux deux autres intervenants. Espérons que cette semaine, grâce aux différentes rencontres et discussions, aura tout de même éveillé les consciences des jeunes participants : qu’ils ne se centrent pas seulement sur le pur gain d’argent et la consommation à outrance, mais aussi sur l’éthique, l’environnement et la sobriété. Qui sait, peut-être que plus tard, certains d’entres eux seront à l’initiative de démarches écologiques dans la région…
texte: Claire Bourdon, étudiante en Master Euromédias
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