Le jeudi 9 février, divers acteurs territoriaux se sont réunis au Grand Dijon afin de signer la Charte IlliCO2. Voté en novembre dernier par le Conseil Communautaire, ce plan climat énergie du Grand Dijon vise le 3x20 d’ici 2020 : réduire de 20% les émissions de gaz à effet de serre en augmentant de 20% l’efficacité énergétique et en atteignant 20% d’énergie renouvelable.
En 2009, le Grand Dijon a émis 238 500 tonne équivalent de CO2. Transport, habitat, urbanisme, déchets… Concentrant de nombreux habitants, les villes et agglomérations ont une responsabilité particulière en ce qui concerne l’émission de gaz à effet de serre (GES). D’où la création de la charte IlliCO2 afin d’agir collectivement : au total, 86 personnes en ont été signataires, qu’elles soient représentants de collectivités territoriales, d’associations, d’entreprises…
L’énergie, une question locale
Les dépenses des ménages pour l’énergie sont exorbitantes, et elles augmentent toujours plus. Pour une ville comme Dijon, qui compte plus de 250 000 habitants (soit 100 000 ménages environ), 100 millions d’euros sont dépensés chaque année. Or, la production énergétique étant centralisée et d’origine lointaine, tout l’argent dépensé dans ce bien sort directement du territoire. Alors, pourquoi ne pas « garder l’argent à la maison », comme dit Gérard Magnin ?
Premier intervenant au forum IlliCO2, il est délégué général d’Energy cities, association européenne des autorités locales qui lutent pour que ce siècle soit celui de l’efficacité énergétique. Il préconise une approche de « subsidiarité énergétique »: il s’agit de consommer moins et mieux, en consommant et produisant des énergies locales.
L’association propose un paradigme d’horizontalité, où l’on ne part plus de la production pour aboutir à la consommation, mais l’inverse. Dans ce cas, il en résulte un rapport différent à l’énergie : d’abord, « on consomme et produit alors dans les lieux où l’on ne faisait que consommer » : maisons, immeubles ; et dans les territoires proches. Ensuite, la production décentralisée est collectée et distribuée. On ne fait appel qu’accessoirement à la production centralisée. Dans ce système, l’argent dépensé pour l’énergie est alors utilisé localement et génère ainsi une plus value sur le territoire : emplois locaux, PME, artisans, salariés….Cela engendre un véritable dynamisme économique, contrairement à une production centralisée où l’argent dépensé quitte le territoire. Ici, ce ne sont plus les grosses compagnies énergétiques qui auraient le monopole. Au contraire, les acteurs seraient plutôt les collectivités (régions, départements et communes), mais aussi les citoyens au travers d’associations, les entreprises.
S’adapter au changement climatique
Stéphane Labranche, membre du GIEC, est revenu sur la conférence Internationale sur le Climat à Durban (décembre 2011). Il explique que le scénario climatique a changé, avec une augmentation de 3.5°c au lieu de 2°c, et ce malgré l’objectif du protocole de Kyoto. Les plus critiques prévoient, eux, une augmentation de 4°. Par ailleurs, le Japon et le Canada se retirent de ce projet pour des raisons opposées. « Il va probablement falloir attendre 2020 avant d’avoir un accord international sérieux sur le changement climatique en matière d’atténuation et de réduction des GES », explique Stéphane Labranche. L’adaptation au changement climatique va être difficile, et les scénarios dramatiques sont loin d’être décalés de la réalité.
Divers intervenants ont ensuite participé à une table ronde concernant l’adaptation au changement. Yves Richard, Professeur au Centre de Recherches de Climatologie, a donné des chiffres concrets des évolutions climatiques en Bourgogne sur les cinquante dernières années. L’augmentation de la température dans notre région s’observe depuis 25 ans. Le nombre de jours de gel a fortement diminué. Autre constat, depuis 20 ans, le chauffage est nécessaire 10 jours de moins dans l’année mais inversement, nous avons davantage besoin d’appareils de climatisation. Denis Thévenin, délégué régional de Météo France, a quant à lui mis l’accent sur le futur climatique de la région. Il souligne qu’en 2050, le climat de Dijon devrait ressembler à celui de St Auban, commune des Alpes Maritimes dont les températures sont remarquablement élevées.
Enfin, Hélène Toussaint, Chargée de mission Alterre Bourgogne a évoqué les problématiques liées aux ressources en eau, et François Bellouard, Chef du service Développement Durable de la DREAL Bourgogne a parlé du Schéma Régional Climat Air Energie.
Lutter au sein de sa structure
Une seconde table ronde a concerné la lutte contre le changement climatique. Dominique Lapôtre, Vice-présidente du Conseil régional de Bourgogne en charge de l’environnement et du développement durable, est revenue sur le volet patrimoine et services du Plan Climat. Trente actions ont été mises en place pour le 3x20 dans différents domaines. Citons comme exemples le mobigo pour le transport (covoiturage), Bourgogne Bâtiment Durable dans le logement …
Gilles Fargier, représentant de Keolis, est quant à lui intervenu sur l’éco-conduite et la consommation de carburants. Un bilan carbone a été effectué par la société de transport, mesurant à 18000 te l’émission de CO2 en 2008 par Keolis. Des modes de transports différents devraient changer la donne, avec l’arrivée du tram cet automne mais aussi la mise en place de 102 bus hybrides d’ici 2013. Cela représenterait une baisse de 40% d’émissions de C02.
Philippe Amiotte-Suchet, Chargé de mission en développement durable sur le campus de l’Université de Bourgogne a présenté les initiatives mises en place au sein de cette institution : partenariat avec des acteurs du territoire, participation et mise en place d’un réseau de chaleur urbain, journée « sans ma voiture »…
Enfin, Jean-Pierre Pirocca, Directeur général OPAC de Dijon a abordé la réhabilitation thermique comme enjeu social, économique et environnemental.
Même si tous les objectifs de la Charte IlliCO2 ne pourront être parfaitement atteints, les démarches semblent tout de même aller dans le bon sens sur le territoire.
Texte : Claire Bourdon, étudiante en Master Euromédias
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