vendredi 17 décembre 2010

Vers une démocratisation ou une récupération des paniers bio?

Pour acheter des légumes frais, il existe principalement le marché et les magasins d'alimentation. Viens ensuite s'ajouter le système d'AMAP qui bat son plein sur Dijon, avec une liste d'attente de plus de 700 familles due à un manque de maraîchers bio locaux.
Mais voilà que récemment, le site internet de la petite dernière des AMAP dijonnaises créées , Les paniers de Beauchêne, diffusait une bien étrange publicité pour la commenter.












Des paniers bio en supermarché! L'information a circulé alors rapidement dans le petit monde du bio local. Le supermarché Cora de Dijon lance une offre de paniers bio depuis un mois. La commande, pour un panier "couple" à 9,90 euros, ou un panier "famille" à 12,99 euros, se fait via internet dans la semaine et le client vient chercher son panier le vendredi ou le samedi. Le producteur est un maraîcher bio situé à Grancey le Château, en Côte d'Or.
Nouveau aussi, le magasin "La Vie Saine" situé au coeur de Dijon et connue pour justement vendre des produits bio, vient de lancer à son tour des paniers bio. La commande se fait par téléphone, pour un panier soit à 8 euros, soit à 12 euros.

Cette fois, il y a un mélange de légumes et de fruits.

Tout aussi nouveau, "les bons paniers bio" à la MJC de Chenôve:

Dans cet article du Bien Public du 11 décembre, on apprend que monsieur Ivan Martynciow va fournir une quarantaine de paniers chaque semaine. Ce maraîcher bio fourni déjà les "Paniers Gourmands"de l'association Saint Apollinaire depuis mars 2009. La différence avec une vraie AMAP, est que ce producteur revend un certain nombre de produits qu'il ne cultive pas, dont des fruits.

Un peu plus ancien (juin 2010), l'épicerie fine L'ail des Ours propose aussi un système de paniers de produits bio.













Sur le site web il est indiqué: "du bio et du frais dans votre assiette, tous les jours à partir de 1 euro par jour: c'est ce que nous proposons avec nos formules de paniers prêts à emporter, disponibles sur abonnement." Comme le montre la photo ci-dessus, il existe quatre types de paniers, selon la taille de la famille et pour les gourmands.

Enfin, il existe à Dijon au moins un autre système de paniers, celui-ci un peu différent. Imaginé en 2007 et mis en place en 2008, il s'agit des "tournées éco-fermières" (tel: 03 80 74 01 27) développées par monsieur Thierry Deiller (la même personne qui a monté de toute pièce fruimalin). Il s'agit d'une offre complète livrée chaque quinzaine: des légumes, des fruits, du sec (farine, pâtes,...), des laitages et de la viande. Tout est soit en bio, soit en conversion bio (monsieur Deiller insiste sur la nécessité de soutenir la reconversion), soit encore en AOC (certaines AOC ayant un cahier des charges extrêmement exigeant). Une grande diversité de produits qui plaît beaucoup à ses clients qu'il chouchoute en leur proposant des recettes pour les accompagner à (re)-découvrir certains produits. Des clients tous situés dans son quartier (Montchapet), à qui il s'évertue de leur offrir le meilleur rapport qualité prix / environnement.

Le panier en osier pour aller faire ses courses au marché semble avoir évolué. Du panier de vente directe du producteur au consommateur des AMAP, au panier de légumes en grande surface, les puristes y verront une dérive par une forme de récupération. D'autres y verront un intérêt comme la démocratisation du bio. Dans tous les cas il est important que les dijonnais soient bien conscient des solutions pour une alimentation saine, mais surtout qu'ils n'hésitent pas à interroger ces différents acteurs pour se faire eux-même une idée de ce qui leur semble le plus juste. Ils verront l'esprit "récupération" ou au contraire la volonté de proposer des produits de qualité avec une réelle vision de respect de l'environnement.

1 commentaire:

Laurent HOUY-CHATEAU a dit…

Avant toute chose il convient de rappeler ce que signifie AMAP, à savoir Association pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne. Certaines AMAP ont éprouvé la nécessité de rajouter un deuxième "P" soit AMAPP pour Association pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne de Proximité.

A partir de là, on voit que l'adhésion à une AMAP dépasse largement la fourniture d'un panier de légumes, mais est un engagement citoyen visant à maintenir une agriculture paysanne.

Ainsi, dans une AMAP, on est bien audelà d'une relation simplement commerciale, la relation entre le consommateur et le producteur doit être privilégiée et l'engagement du consommateur est important :

- il est solidaire du producteur : il s'engage financièrement avant la mise en culture risquant ainsi de partager avec le producteur l'aléa climatique ;
- il participe parfois aux travaux de l'exploitation agricole et/ou dans l'organisation de la distribution des paniers en offrant quelques heures de travail.

La grande distribution tente de récupérer l'image positive des paniers des AMAP alors qu'elle se situe aux antipodes du maintien de l'agriculture paysanne, bien au contraire, c'est un système qui, imposant aux producteurs des prix toujours plus bas, des volumes importants, des productions calibrées, etc... a tué cette agriculture pourtant si importante à la sauvegarde d'une activité économique sur nos territoires ruraux.

Pire, la grande distribution ne cesse d'étaler ses batiments et ses parkings sur du terrain agricole faisant perdre à notre pays l'équivalent de la surface moyenne d'un département tous les 7 ans.