samedi 10 mars 2012

Le renouveau de l’habitat participatif

Le 6 mars à la bibliothèque de la Nef, Bruno Parasote, président de l’Ecoquartier de Strasbourg et directeur de l’aménagement urbain, de l’urbanisme et du développement durable de la ville d’Illkirch-Graffenstaden est intervenu sur l’habitat groupé, un mode de logement qui a de l’avenir. A quand une telle initiative à Dijon ?
Créer des immeubles denses et économes en énergie, favoriser des modes de déplacements doux, participer à la vie de son logement et de son quartier, vivre en harmonie avec son voisin par le partage et l’entraide…tels étaient les objectifs du quartier Vauban à Fribourg. Mission accomplie en Allemagne, où l’habitat groupé se développe à vue d’œil depuis plusieurs années. En France, ce mode d’habitat commence à revenir au goût du jour : La Salière à Grenoble, Eco Logis à Strasbourg, Diwan à Montreuil… Selon une étude Harris de 2011 réalisée sur 2000 individus, 1/3 des français sont intéressés par l’habitat groupé participatif, ce qui est encourageant.
Ce type de logement est une bonne réponse face à une demande importante de construction de logements dans un espace pourtant restreint et où la densité devient de plus en plus élevée. Alors que le nombre de logements augmente, on observe une chute du nombre de personnes par résidence… C’est lié au phénomène de décohabitation : les modèles familiaux ont changés, et la monoparentalité devient de plus en plus courante, avec des enfants vivant dans deux logements à la fois. En plus d’être non économe en énergie, cela entraîne plus d’isolement et d’inquiétude des personnes vivant seules. Ce sont des questions écologiques mais aussi sociales! D’autant que les logements sont de plus en plus petits pour des prix souvent inaccessibles.


Des habitants acteurs
Concrètement, comment cela se passe-t-il? Il faut déjà prendre en compte les mixités de revenus, culturelles, générationnelles, et familiales de tous. Et oui, car l’habitat groupé, c’est un véritable projet de vie collectif ! Les habitants deviennent alors codétenteurs et acteurs au sein de leur logement. On parle d’autopromotion : ici, on se passe d’un promoteur immobilier et de ses marges de commercialisation. Ce sont les habitants qui prennent l’ensemble des décisions. Cela induit donc beaucoup d’investissement et de collaboration. Des réunions de « familles » sont donc organisées régulièrement. C’est l’aspect plus « sérieux », où il faut prendre des décisions importantes, aller chez le notaire… Comme l’explique Bruno Parasote, « Remplacer un promoteur implique de savoir se répartir les tâches. Un animateur de projet, un référent technique, un responsable financier, un responsable subventions et un responsable juridique. Si ces compétences ne se trouvent pas au sein du collectif, il faut à tout prix les trouver ailleurs ! » Avant d’ajouter : « Mais il fait aussi des volontés d’organiser des animations, des soutiens ponctuels, des petits plats et des gâteaux !». Car la cohabitation c’est aussi beaucoup de convivialité : fêtes de pallier, jardinage, repas…

L’exemple de Strasbourg
Pour Bruno Paraste, les motivations de l’éco-quartier à Strasbourg étaient simples : « Nous voulions favoriser les échanges, et que chacun participe activement à ce projet. Tout en vivant dans un habitat sain en contribuant au développement durable, dans un quartier sans voitures et en limitant nos besoins énergétiques. » Maintenant, dix familles s’y partagent cinq places de voiture, trente places de vélo, une buanderie, une salle des fêtes, un atelier bricolage, et un jardin ! Le tout est en bois, avec des façades végétalisées et des ruches sur le toit. L’ensemble a coûté 3000 euros le m2, mais le groupe a bénéficié de subventions.

Comment naît un habitat participatif?
Une telle initiative peut être prise soit par les citoyens, soit par les pouvoirs publics. Plusieurs exemples montrent des projets mis en place par des habitants: c’est le cas d’Eco-Logis, des Jardies, d’Ecolline. Cela peut aussi venir de professionnels spécialisés tels des architectes, notamment en Allemagne. Lorsque l’initiative vient des pouvoirs publics, il y a plusieurs cas de configurations. Cela peut naître de collectifs issus de la volonté des pouvoirs publics, ou de collectifs correspondants à des appels à candidatures. C’est souvent le cas en Allemagne comme à Hanovre, à Hambourg mais aussi à Strasbourg en Alsace. Enfin, cela peut venir de collectifs suscités dans le cadre des projets urbains, comme à Tübingen, à Fribourg, à Karlsruhe, mais aussi le quartier des Béalières à Meylan à côté de Grenoble, qui en est un très bon exemple.
Et en Bourgogne, qu’en est-il ? Au cours de la conférence, un habitant de Chalon-sur-Saône a témoigné de son projet d’eco-habitat et de sa difficulté à réunir les gens. « Il faut montrer aux élus l’intérêt que cela peut avoir pour la ville », selon Bruno Parasote. A Dijon, Michel Tuizat, qui entreprend un tel projet avec d’autres couples, s’étonne de la « frilosité du pouvoir public » dans notre agglomération.

Si vous êtes intéressé par les écoquartiers à Dijon, vous pouvez consulter le forum des écoquartiers. Pour plus de renseignements sur un projet d’habitat groupé, contacter Michel Tuizat au 0380366762 ou à l’adresse michel.tuizat@wanadoo.fr

texte: Claire Bourdon, étudiante en Master Euromédias

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