mardi 7 mai 2024

Dijon, "un territoire écologique, ça commence ici" : communication ou greenwashing ?

La métropole de Dijon communique actuellement dans les rues sur le thème "un territoire écologique, ça commence ici". Une opération de communication de grande envergure, mais est-ce de l'information objective ou une séance de greenwashing ? Eléments de réponse.

Toute l'exposition est à découvrir place de la Sainte-Chapelle à Dijon. Six supports affichent six grandes thématiques que l'on retrouve aussi sur le site internet de la métropole:

"Ici, rien ne se perd, tout se transforme"
Produire de l'énergie grâce aux déchets ménagers, donner une seconde vie à tous les emballages, nourrir les sols grâce aux biodéchets, tels sont les arguments avancés.
Concernant les déchets, la métropole suit les obligations réglementaires et essaye de gagner de l'argent avec nos déchets. Il existe des campagnes de sensibilisation au tri de déchets, mais il manque l'essentiel : la réduction des déchets à la source. Rien n'est engagé dans ce sens, et ce n'est pas près de commencer car il faut encore et toujours nourrir l'incinérateur et rentabiliser l'agrandissement du centre de tri...
Concernant les biodéchets, la métropole est en retard ! Depuis le 1er janvier 2024, elle est censée offrir une solution à tous les habitants, ce qui sera le cas fin 2026 selon leur planning ! D'ailleurs l'association Les Amis de la Terre Côte-d'Or s'en était amusée lors d'une blague du 1er avril. De plus, dans le milieu des bénévoles engagés dans le compostage collectif, il est clairement reconnu le manque de moyens humains alloués...

"Ici, nous produisons des énergies renouvelables"
Transformer les déchets en énergie, produire de l'hydrogène pour nos véhicules lourds, produire du gaz verts à partir des eaux usées, produire notre électricité grâce à l'énergie solaire.
Produire de l'énergie en brulant des déchets, un idée intéressante mais terriblement dangereuse car elle n'incite pas à la réduction des déchets, bien au contraire. Concernant l'hydrogène, vu que cet hydrogène sera produit par la combustion des déchets afin de faire fonctionner des bennes à ordures, on rentre ici aussi dans un système loufoque. Il faut que les habitants produisent des déchets pour que ces déchets produisent de l'énergie qui va être utilisée pour produire de l'hydrogène, cet hydrogène fera avancer les camion qui vont chercher les déchets. La boucle est bouclée. La dépendance aux déchets, une drogue locale...
Il y a tout de même le développement du solaire photovoltaïque en certains lieux. On notera toutefois l'absence d'obligation de la mise en place de solaire thermique et/ou photovoltaïque sur toute nouvelle construction.


"Ici, on se déplace sans polluer"
Les piétons au coeur de l'espace public, favoriser l'usage du vélo, le tramway fer de lance des mobilités durables à Dijon
Il est indéniable que la place du piéton est favorisée depuis plusieurs années dans le centre ville de Dijon par la transformation de rues en vois piétonnes. Il y a une quinzaine d'années, l'objectif à Dijon était d'arriver à 10% des déplacements à vélo pour 2020. En 2024, cet objectif n'a pas été accomplis et en est encore loin... Des égos personnels face à des associations de cyclistes n'ont pas aidé... De plus avec un maire amoureux de la voiture et n'utilisant pas de vélo, ça n'aide pas. Sans parler de la peinture magique qui transforme un trottoir pour piéton en piste cyclable, mais aussi l'incitation à acheter des voitures sur les panneaux publicitaires. Ce denier point aurait pu changer depuis octobre 2022, mais François Rebsamen et Nathalie Koenders préfèrent gagner de l'argent plutôt que d'avoir une cohérence écologique...

"Ici, la ressource en eau est partagée et protégée"
La lutte contre les fuites d'eau une priorité pour préserver la ressource, protéger le cycle naturel de l'eau, donner à chacun les moyens d'agir à son niveau.
Beaucoup de communication pour désimperméabiliser quelques mètres carrés de cours d'école, mais en parallèle, l'artificialisation des espaces verts et autres friches marche à fond, le bilan final étant largement négatif. Exemple type avec la destruction des jardins de l'engrenage ou la volonté de détruire la Réserve Urbaine de Biodiversité du Suzon. Et c'est sans compter les publicités pour les bouteilles d'eau en plastique (merci François Rebsamen et Nathalie Koenders pour ce partage publicitaire de l'eau privée)...


"Ici, transition rime aussi avec alimentation"
La légumerie métropolitaine un maillon clef entre les producteurs locaux et la restauration collective, favoriser une agriculture de proximité, réduire le gaspillage alimentaire, moins de protéines animales au profits des protéines végétales.
Deux repas végétariens par semaine, de la sensibilisation à réduire le gaspillage alimentaire dans les cantines scolaires, des produits locaux, c'est clairement bien. Toutefois la destruction de terres agricoles se poursuit, le bio progresse mais revient de loin. Le collectif "Urgence bio 21" s'en faisait l'écho déjà en 2009. Mais actuellement ce qui prime dans les rues, c'est l'incitation à la malbouffe possible grâce à la volonté de François Rebsamen et Nathalie Koenders...

"Ici, chacun est gardien de la biodiversité"
Préserver les espaces agricoles et naturels de la métropole, une attention particulière apportée au végétal, une ville refuge pour les abeilles, connaître le vivant pour mieux le protéger.
La métropole parle "d'urbanisation raisonnée", mais cela ne signifie pas qu'elle soit raisonnable. La bétonisation est bien en marche. La ville de Dijon continue de remplacer des arbres par des voitures, (et aussi déjà en 2019),  les projets immobiliers fleurissent, dont celui de la RUBS. A noter que selon François Rebsamen (président de Dijon métropole), la fin de l'artificialisation des terres est prévu pour 2050 (voir la vidéo); ce qui laisse bien du temps pour faire couler le béton dijonnais et donc réduire les espaces de biodiversité...

Alors, Dijon est-il un territoire écologique ? A chacune et chacun de se faire son idée. Un indice : en 2020 Dijon a postulé pour obtenir le label européen "Capitale verte". Beaucoup de communication, dont une exposition photo, un collectif d'associations avait écrit au jury, pour finalement ne pas recevoir ce label.

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