"Pour la biodiversité et les paysages, maires de France, plantez des arbres fruitiers", tel était le message du navigateur Bernard Moitessier il y a 40 ans; message qui vient d'être relancé. Dijon fait partie des communes à avoir signer l'appel.
"En 1980, Bernard Moitessier, grand navigateur et écrivain, proposait à tous les maires de France de planter des arbres fruitiers dans leurs communes. « Ces arbres fruitiers qui appartiendraient à nous tous (y compris aux oiseaux et aux abeilles) pourraient devenir, en grandissant, une œuvre généreuse et simple, qui aiderait à unir les hommes » écrivait-il dans la lettre qu’il leur adressait.
40 ans plus tard, il était temps que cette belle idée retrouve une seconde jeunesse. le 25 novembre 2020, comme en 1980, une lettre a été adressée à tous les maires de France pour leur proposer de planter des arbres fruitiers dans nos espaces publics, pour que l’arbre nourricier, qui appartient à tous et dont tous nous sommes responsables, regagne nos centres-bourgs et nos centres-villes, et peu à peu notre imaginaire collectif." Marien Lovichi, adjoint Parcs, Combes et Jardins à la mairie de Dijon est co-signataire de cette lettre.
La lettre (partie):
"En l’espace de quarante ans, le dérèglement climatique, la perte faramineuse de biodiversité mais aussi d’esthétique, nous ont amenés à questionner notre rapport au monde, aux notions de subsistance et de communs. Les canicules répétées nous rappellent que l’ombre peut devenir vitale, et les derniers rapports alarmants sur la biodiversité nous intiment de nous replacer au sein du même écosystème et de laisser de la place au vivant. La crise du Covid-19, et l’isolement qu’elle a provoqué, nous ont fait profondément ressentir le besoin de lien aux autres et à la nature, tout comme le besoin de beau, de fleurs qui s’épanouissent et d’oiseaux qui pépient. Elle a aussi renforcé notre souci social devant les risques accrus qu’elle a fait peser sur les plus vulnérables, et notre conscience de l’importance d’une certaine autonomie alimentaire.
L’arbre nourricier contribue à tout cela à la fois, sans coûts astronomiques ni acrobaties technologiques : refuge de biodiversité, beauté des paysages, fruits et fourrage, ombre, atténuation des températures, stockage de carbone, captation des eaux de pluie et stabilisation des sols, amélioration de la qualité de l’air, hausse des rendements en agroforesterie, et même baisse de la tension artérielle et du stress. Planté dans les espaces publics, l’arbre fruitier leur redonne tout leur rôle : celui de lieux de sociabilité, de terres d’hospitalité, d’accueil et de partage. Qui mieux que lui, ses branches grandes ouvertes, ses fruits tendus, pour revaloriser ces espaces communs ?
En regagnant le cœur de nos bourgs et de nos villes, ou en haies dans nos bocages, l’arbre reprend sa place centrale dans les imaginaires et nous redonne envie de le protéger. Il retisse la toile du vivant, trop longtemps séparée entre la nature, d’une part, et l’être humain, de l’autre. Et si c’était sous un arbre, sous son feuillage, à contempler oiseaux et insectes, le nez dans ses fleurs, ses fruits en bouche, que commençait une humanité réconciliée ? Réenchanter la ville, arborer la campagne, créer des archipels de vie… Aujourd’hui plus que jamais nous avons besoin d’utopies et d’imaginaire, de pas de côté et de bouffées d’air, de renforts, de victoires, de bon sens et de simplicité.
Dans le sillage de Bernard Moitessier, partout en France, depuis quarante ans, des maires, des associations, des citoyen-nes conscients des défis écologiques, esthètes ou simples gourmands, plantent des arbres fruitiers. La suite ne peut s’écrire que collectivement et nous invitons chacun, et particulièrement les équipes municipales tout juste élues, à faire s’épanouir ces fruits de la convivialité et à partager leurs expériences afin de multiplier les « communes à croquer ».
Une carte recense les "arbres à croquer". Tout le monde peut participer pour l'enrichir. Mais surtout, vu que Dijon est une "ville à croquer", tout le monde peut agir pour planter des arbres fruitiers dans les espaces publics ! Le site communes à croquer donne de nombreuses informations pour agir.